LABYRINTHES

Quatrième de couverture : 

Une scène de pure folie dans un chalet. Une victime au visage réduit en bouillie à coups de tisonnier. Et une suspecte atteinte d’une étrange amnésie. Camille Nijinski, en charge de l’enquête, a besoin de comprendre cette subite perte de mémoire, mais le psychiatre avec lequel elle s’entretient a bien plus à lui apprendre. Car avant de tout oublier, sa patiente lui a confié son histoire. Une histoire longue et complexe. Sans doute la plus extraordinaire que Camille entendra de toute sa carrière…

« Tout d’abord, mademoiselle Nijinski, vous devez savoir qu’il y a cinq protagonistes. Toutes des femmes. Écrivez, c’est important : « la kidnappée », « la journaliste », « la romancière », « la psychiatre »… Et concentrez-vous, parce que cette histoire est un vrai labyrinthe où tout s’entremêle. La cinquième personne sera d’ailleurs le fil dans ce dédale et, j’en suis sûr, apportera les réponses à toutes vos questions. »

« Manipulateur littéraire comme à son accoutumé, Franck Thilliez va, dès la couverture, nous faire accepter d’entrer dans une situation labyrinthique et de subir une multitude de micro-échecs avant d’accéder à la sortie. » Actuallite

«  »Franck Tilliez dissèque avec une acuité exceptionnelle les noirceurs de l’âme humaine. Labyrinthes est tous simplement magistral » Maison de la presse La Touquettoise

L'auteur : Franck THILLIEZ

Franck Thilliez est l’auteur d’une vingtaine de romans, dont Pandemia, Le Manuscrit inachevé, Luca, Il était deux fois et 1991. Comptant parmi les trois auteurs les plus lus en France, il s’affirme comme la référence du thriller français et continue d’alterner one shots et enquêtes menées par son couple phare Lucie Henebelle/Franck Sharko. Ses livres sont traduits dans le monde entier. Le Syndrome E, roman déjà repris en bande dessinée, est aujourd’hui en cours d’adaptation pour une mini-série sur TF1. Franck Thilliez est aussi scénariste. Il a créé, avec Niko Tackian, la série Alex Hugo.

Mon avis : 

Une édition « Collector » de Franck Thilliez en cadeau, merci Jérôme !

Comme toujours avec les romans de Franck Thilliez, on peine à déposer le livre tant la lecture est addictive. Et c’est encore le cas pour ce roman au scénario complètement tortueux voire tordu, l’imagination de ce maître du thriller a encore une fois bien fonctionné, peut-être même un peu trop.

Ce volume fait partie d’une trilogie dont je n’ai pas lu les 2 précédents tomes ce qui n’a pas guère d’importance pour la compréhension du récit. En fait ce dernier volume, d’après ce que j’ai lu, apporte des éclaircissements par rapport à des situations énigmatiques des deux précédents : « Le manuscrit inachevé » et « Il était deux fois ».

« Labyrinthes » porte effectivement bien son nom, l’auteur nous entraîne dans différentes directions qui en font autant de récits qui n’ont au début rien en commun jusqu’au final déstabilisant au possible. Il y a l’histoire de Julie, la jeune fille kidnappée, à l’âge de 17 ans, par un écrivain maître de littérature horrifique et qui sera séquestrée pendant de longues années, Il y a Véra, une jeune psychiatre hypersensible aux ondes électro-magnétiques qui s’est réfugiée dans un hameau en plein bois dans les Vosges pour échapper à sa torture, Il y a Sophie une romancière perturbée qui apparaît et disparaît un peu à son gré dans l’univers de Sophie et il y a Lysine une journaliste dont on a usurpé l’identité et qui a reçu un montagne vidéo particulièrement sordide et répugnant.

Au travers de ces 4 destins l’auteur nous emmène dans les méandres de la mémoire humaine, il y est question d’amnésie, de schizophrénie paranoïde, et de paramnésie de culture, rien moins que cela. Un parcours vraiment tortueux et compliqué, sans repères temporels, un voyage dans la folie, une histoire complètement invraisemblable.

En fin de volume, Franck Thilliez nous propose un labyrinthe qui, en trouvant le chemin donnera un code d’accès à un texte sur les secrets de l’auteur. Dans ce texte, l’auteur révèle que cette histoire a été , dans sa structure, la plus alambiquée qu’il ait eu à imaginer jusqu’à présent. Je dois avouer que j’ai été complètement bluffé par l’histoire avec un final qui m’a laissé groggy.

En marge du roman : Radical à l'extrême, l'Actionnisme viennois a de "vilains" restes. (Le Point 2015) 

Ceux qui ont lu ou qui liront « Labyrinthes » comprendront la référence de ce paragraphe par rapport au roman.Et il paraît que c’est de l’art !!

Ils ont été jusqu’à la limite du supportable, baignant littéralement dans le sang, la boue et l’urine: deux expositions en Autriche ressuscitent l’aventure des Actionnistes viennois, sans doute la plus radicale de l’art contemporain. Les Nouveaux réalistes et Yves Klein avaient utilisé le corps humain comme outil artistique, réalisant des empreintes de femmes nues. Au début des années 1960, les Actionnistes décident, eux, de l’employer comme matériau. « Ils recherchaient une confrontation directe avec la réalité, tant physique que psychique, jusque dans les dimensions les plus difficilement supportables et les plus refoulées », souligne Eva Badura-Triska, commissaire de l’exposition « Mon corps est l’événement », au Musée d’art moderne (Mumok) de Vienne.

Au cours de performances sans équivalent, et qui parfois leur valurent des peines de prison, Otto Muehl, Hermann Nitsch, Günter Brus et Rudolf Schwarzkogler écorchent des cadavres d’animaux, ficèlent des corps humains, les mélangent à des viscères ou à de la boue. Muehl, en particulier, embauche des modèles pour composer des « natures mortes », mettant ainsi en scène de véritables membres humains passés au travers de planches, qui créent l’illusion de corps démembrés. Déambulant à travers Vienne, Günter Brus s’affiche entièrement peint en blanc, le corps comme tranché par une ligne noire, avant de se faire arrêter par la police. D’autres actions relèvent de la scatologie ou frisent la pornographie. « L’Actionnisme transgresse les valeurs traditionnelles. Mais il reste de l’art. Il est réfléchi, il a une forme précise, des références. C’est une extension du domaine de la peinture, même si c’est l’une des plus radicales », précise Mme Badura-Triska. « C’est un bouleversement des règles qui consiste à considérer comme esthétique ce qui auparavant était jugé laid par les normes sociales », relève-t-elle, reconnaissant qu’une telle exposition reste « difficilement montrable » dans certains pays.

Si beaucoup d’autres artistes ont pratiqué des formes d’art corporel et des performances, comme Yoko Ono, Chris Burden, Marina Abramovic ou le groupe Fluxus, l’avènement à Vienne d’un mouvement si radical ne doit rien au hasard. Ville de Freud et du philosophe Wittgenstein, la capitale autrichienne a déjà transgressé les tabous au début du 20e siècle avec les peintres Klimt, Kokoschka et surtout Schiele, qui choque avec des représentations explicitement sexuelles.

Mais les Actionnistes sont aussi et avant tout des enfants de la guerre, « dans un pays où, contrairement à l’Allemagne, le passé nazi est refoulé, littéralement enfoui dans une normalité petite-bourgeoise, ce qui contribue à expliquer cette réaction extrême », rappelle Mme Badura-Triska. « L’Actionnisme, à cet égard, a un effet cathartique. Il permet d’évacuer des pulsions refoulées, de façon contrôlée et dans le cadre d’une expérience artistique », estime-t-elle. Les artistes ne s’épargnent pas. Lors d’une performance filmée aux côtés de son mari, Ana Brus, ligotée nue et traînée par terre, fait une crise de nerf.

Günter Brus lui-même met fin aux « actions » en 1970, après une ultime performance soigneusement chorégraphiée dans laquelle, également nu, il boit sa propre urine et finit par s’automutiler jusqu’au sang. « Il avait alors reconnu que l’étape suivante aurait été le suicide », note Mme Badura-Triska. Ironie de l’histoire: lors d’un procès pour « outrage aux bonnes moeurs » intenté aux Actionnistes à la fin des années 1960, l’expert psychiatre est un ancien médecin nazi soupçonné d’avoir durant la guerre assassiné des enfants handicapés mentaux pour en disséquer le cerveau…

Peu reconnu en son temps en raison de sa radicalité et de la quasi-clandestinité à laquelle il est contraint, le mouvement ne sera réhabilité qu’à partir de la fin des années 1980, avec des expositions à Cologne, Vienne, Paris et Los Angeles. Artiste toujours actif et désormais célébré, Hermann Nitsch, 76 ans décédé en avril 2012), compte aujourd’hui pas moins de trois musées dédiés à son oeuvre, en Autriche et à Naples (Italie). Une exposition particulière lui est consacrée au Theatermuseum de Vienne. Quant à Otto Muehl, il est décédé en 2013 à l’âge de 87 ans, après avoir purgé une peine de sept ans de prison pour sévices sexuels sur mineurs et viols au sein d’une communauté qu’il avait fondée. Une exposition de son oeuvre fut encore interdite en 1998 à Vienne en raison de son côté provocateur et sacrilège.

31/03/2015 12:36:55 – Vienne (AFP) – Par Philippe SCHWAB