UN PARFUM DE JITTERBUG

Quatrième de couverture : 

Une serveuse de tacos qui joue les apprenties chimistes, une parfumeuse déchue qui prépare son come-back et un excentrique nez des hautes sphères de l’industrie du parfum s’interrogent : qui donc leur envoie des betteraves sans le moindre message ? La clé du mystère se trouve peut-être au cœur de l’épopée d’Alobar, un roi du VIIIe siècle qui, fuyant la mort, se retrouvera en Bohême où il découvrira le secret de l’immortalité en compagnie d’une jeune Indienne fascinée par les essences.

Un Parfum de Jitterbug est un roman épique à l’imagination débordante dans lequel tom Robbins célèbre les joies de l’existence et agite au shaker toutes les croyances de ce monde pour nous livrer les secrets d’un parfum perdu. L’auteur génial de « Même les cow-girls ont du vague à l’âme » nous entraîne une nouvelle fois dans un récit hilarant et explosif »(Ed. Gallmeister)

« Un roman drôle et profond, rythmé comme un jitterbug, cette danse jazz saccadée, dont il n’est d’ailleurs quasiment pas question dans ces 456 pages (parfaitement traduites, soit dit en passant). L’Express »

« La recette de l’immortalité en 500 pages de pur délire… Ça vous intéresse ? Excellent ! L’Astragale – Lyon

L'auteur : Tom ROBBINS

Tom Robbins est peut-être né en 1936 en Caroline du Nord, mais rien n’est moins sûr. Il passe son enfance à parcourir librement les montagnes de la région, au milieu des conteurs, des gitans et des charmeurs de serpents – autant de personnages qui nourriront son imagination d’écrivain.

Après avoir passé cinq ans dans l’armée en Corée, il est démobilisé et reprend ses études. Il travaille dans les milieux de la peinture, de la musique et de l’art dramatique, pour finalement devenir journaliste et écrivain. Considéré comme l’un des pères de la culture pop, tous ses livres sont devenus des best-sellers et ont été traduits dans une quinzaine de langues. Tom Robbins est cité comme référence incontournable par la jeune génération d’écrivains – de Rick Moody à Christopher Moore – et ses ouvrages font régulièrement l’objet de thèses universitaires. Bien qu’elle ne compte qu’une dizaine de livres en quarante ans, son œuvre compte plus de dix millions de lecteurs.

Il existe d’ailleurs aux États-Unis une véritable “Robbinsmania”, phénomène rarissime pour un écrivain : chacune de ses apparitions publiques attire des centaines – parfois des milliers – de personnes. De multiples sites internet et fans-clubs lui sont consacrés ; des groupes de rock ont choisi comme nom des titres ou extraits de ses livres ; les illustrations de ses romans servent de modèles pour des tatouages ; on peut se procurer des T-shirts, tasses, casquettes à son effigie ou qui reprennent des citations de ses œuvres… Véritable ”people” en Amérique, il a fait des apparitions en “guest-star” dans plusieurs films. Adulé par ses fans, estimé par la critique, Tom Robbins a véritablement acquis un statut d’icône.

Mon avis : 

J’ai déjà lu des romans bizarres mais celui-ci les dépasse tous, une histoire loufoque, burlesque, délirante dans un style « lyrique » plein de métaphores et d’envolées philosophiques pour le moins originales. Tom Robbins, que je découvre, a une imagination débordante complètement folle, un humour déjanté plein d’ironie, accrochez-vous !

L’histoire se déroule de nos jours. A Seattle, Priscilla, chimiste, est serveuse dans un restaurant, il faut bien vivre. Elle recherche la mise au point d’un parfum unique qui ferait sa renommée et sa richesse. A la Nouvelle Orléans, Madame Devalier, parfumeuse, et son assistante veulent prendre un nouveau départ et créer un parfum extraordinaire que tout le monde leur enviera. A Paris, la famille LeFever, parfumeurs renommés depuis plusieurs générations veulent mettre au point le parfum idéal, le parfum qui enchantera tout le monde. Vous l’avez compris le point commun entre tous ces personnages c’est le parfum, mais pas que ! Il se fait qu’ils reçoivent aussi, tous les jours une betterave rouge, qui posée devant la porte, qui jetée par la fenêtre !!

Mais le personnage principal de cette histoire est Alobar dont le plat préféré est la betterave, nous sommes au VIIIè siécle, il est le roi d’une communauté dans laquelle il ne faut montrer aucun signe de vieillissement sinon c’est la mort assurée. Alobar fait preuve de sa virilité tous les jours dans son harem jusqu’au jour où il se découvre un cheveux gris. IL s’empresse de l’arracher mais c’est peine perdue. Tenant plus que tout à la vie, il s’enfuit et est accueilli dans une autre communauté où il n’est plus qu’un vassal néanmoins apprécié. Lors de la fête de la fève où il est invité, c’est lui qui a le morceau de gâteau qui contient la fève avec comme conséquence que pendant 12 jours, tout lui est permis, il peut manger partout, il peut prendre les femmes de tout le monde, etc.

Ce qu’il ne sait pas encore c’est que après ce 12ème jour, il sera mis à mort. Le voilà de nouveau en fuite et dans son épopée il rencontre la belle indienne Kudra qui cherche la note de fond d’un parfum enchanteur et qui lui enseignera toutes les pratiques du Kamasutra. Ils rencontrent des moines Bandaloop qui vont les initier à l’immortalité. S’ensuit une épopée pour le moins extraordinaire à travers les siècles, ils doivent fuir quand on découvre leur immortalité. Parmi toutes ses péripéties Alobar deviendra l’ami du dieu PAN, cet espèce de bouc puant et invisible, un parfum puissant est nécessaire pour qu’il passe inaperçu, il faut qu’il gagne le nouveau monde où est arrivée Kudra en se dématérialisant. Arrivé lui aussi dans le nouveau monde, il arrive à se faire engager dans une université, particulièrement pour faire le ménage dans le bureau de Einstein qu’il soupçonne de travailler sur l’immortalité ! Voilà un petit aperçu de cette histoire délirante qui ravira les amateurs de littérature fantastique, un roman jubilatoire complètement fou. Amateurs de délire, foncez !

Extrait :

La fonction secondaire d’un miroir de salle de bains est de mesurer l’intensité des murmures dans le bourbier mental. Priscilla jeta un coup d’oeil à son « sismographe »; l’indication qu’elle put y lire ne lui plut guère. Elle était aussi blafarde qu’un Coton-tige et tout aussi prête à se défaire. Laissant tomber le savon dans le lavabo, elle imposa un sourire à son reflet . D’un doigt couvert de mousse, elle poussa sur l’extrémité triangulaire du corn chip bien ferme qui lui servait de nez. Elle cligna d’un oeil, puis de l’autre. Ses deux yeux étaient aussi énormes l’un que l’autre et tout aussi violets, mais tandis que le gauche clignait en douceur, le droit l’obligeait à faire un effort et à contracter ses muscles. Elle tira sur ses cheveux mouillés couleur d’automne comme si elle tirait sur le cordon pour demander l’arrêt du tramway.

-Tu es toujours jolie comme un coeur, se dit-elle. Bon c’est vrai je n’ai jamais vu de coeur joli, mais je ne vais tout de même pas remettre en cause la sagesse ancestrale. Elle plissa sa bouche chewing-gum, lui donnant une sensualité qui détourna son attention des croissants bleu sang qu’elle avait sous les yeux.

-J’ai peut-être des valises, mais je n’ai pas encore fait mes adieux. rien d’étonnant à ce que Ricki me trouve irrésistible. Ce n’est qu’un être humain. Posant le front sur le fond crasseux du lavabo, Priscilla se mit tout à coup à sangloter. Elle sanglota ainsi jusqu’à ce que la chaleur de ses larmes, la vélocité même de leur flot, finisse par obscurcir complètement les circonstances déjà vagues de leur origine. Et puis, tandis que l’un après l’autre les souvenirs abandonnaient toute forme de netteté et que même l’épuisement et la solitude s’avéraient solubles dans l’eau, elle ferma ses canaux lacrymaux avec une détermination presque audible. Elle se moucha dans un gant de toilette (cela faisait une semaine qu’elle était à court de mouchoirs en papier) secoua ses cheveux tout collants, enfila une blouse blanche par dessus ses sous-vêtements et retourna dans la salle de séjour-chambre-laboratoire où, penchée sur un assortiment de brûleurs, de petits vases à bec et de tubes en verre glougloutants, elle allait se forcer à travailler avec une méticulosité peu commune jusqu’à l’aube.

Dans la vie de Priscilla , la géniale serveuse, cette nuit fut plutôt fidèle à sa routine habituelle. Elle ne différa vraiment de toutes les nuits de l’année que sur un seul point : vers cinq heures du matin, estima Priscilla (son réveil s’était arrêter et elle n’avait pas trouvé le temps de le remonter) elle entendit frapper doucement à sa porte. Comme Capitol Hill, son quartier se distinguait par un taux de criminalité particulièrement élevé et comme elle n’avait aucune envie d’être dérangée par Ricki où par un type quelconque avec lequel, par nécessité, il lui était arrivé de coucher avant de bien vite l’oublier, elle préféra ne pas répondre. Toutefois, au lever du jour, juste avant de se retirer pour prendre ses six heures de repos quotidiennes et insuffisantes, elle entrebâilla la porte pour voir si son visiteur avait laissé un mot. Elle fut fort intriguée de trouver sur le pas de la porte une masse informe et solitaire qu’elle identifia, après un minutieux examen, comme une betterave.