Quatrième de couverture :
Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d’esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d’autres choses encore… Avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité.
« Sous la baguette d’un enchanteur qui puise ses sortilèges dans les pires noirceurs de la condition humaine, Kafka sur le rivage est le roman le plus ambitieux, le plus envoûtant de Murakami. » André Clavel – Lire
«Il s’agit bien d’un roman initiatique dans lequel le héros nous guide. Pour ce faire, il emprunte des pistes complexes et explore des univers opposés : onirique, voire parfois surnaturel (pluie de maquereaux, dialogues avec des chats…), spirituel mais aussi réaliste puisqu’il est question de survivre à tout un périple. Riche et captivant, servi par une écriture fine et expressive, ce portrait d’adolescent rebelle et opiniâtre nous touche profondément. La puissance narrative de Murakami et le traitement original de la thématique en font un texte remarquable… et inclassable. » Lecture jeune, n°118- Michelle Charbonnier
L'auteur : Haruki MURAKAMI
Nationalité : Japon, né à : Kyôto , le 12/01/1949
Enfant unique et fils d’un professeur de littérature japonaise au collège, il passa son enfance entre les livres et les chats (figures récurrentes de son œuvre).
Il étudie la tragédie grecque à l’université de Waseda puis ouvre un club de jazz à Tokyo -le Peter Cat, de 1974 à 1981 – avant de se consacrer à l’écriture.
Ne supportant pas le conformisme de la société japonaise, il s’expatrie en Grèce, en Italie, puis aux États-Unis, en 1991, où il enseigne la littérature japonaise à l’Université de Princeton pendant quatre ans. En 1995, après le tremblement de terre de Kobe et l’attentat du métro de Tokyo, il décide de rentrer au Japon.
Traducteur de Scott Fitzgerald et Raymond Carver, il rencontre le succès dès son premier roman, « Écoute le chant du vent » (1979), qui reçoit le prix Gunzo.
Puis il écrit : « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil » (1992), « Chroniques de l’oiseau à ressort » (1994-1995), « Les Amants du Spoutnik » (1999).
« Kafka sur le rivage » (2002) inscrit définitivement Murakami parmi les grands écrivains japonais. Après le succès de la trilogie « 1Q84 », Murakami revient en 2014 avec un livre plus « réaliste », nostalgique et grave « L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinages ». En 2017, il publie « Le Meurtre du Commandeur ».
L’œuvre d’Haruki Murakami oscille entre la pensée bouddhiste qui voit des répercussions à nos actions sur une échelle plus large et la chronique sociale dans un cadre fantastique.
Le journal Le Monde qualifie sa langue de limpide et suggestive, qui met l’amitié au cœur de ses romans et qui, derrière sa fausse simplicité, présente une architecture narrative complexe.
Haruki Murakami a reçu plusieurs prix littéraires comme le prix Yomiuri Literary Prize, le prix Kafka 2006, le prix Jérusalem de la liberté de l’individu dans la société en 2009.
Murakami divise son œuvre en six catégories : les romans longs, les romans courts, les nouvelles, les traductions, les essais et les enquêtes.
Mon avis :
Je pense qu’il s’agit de ma première incursion dans la littérature japonaise, un à priori négatif m’empêchait de vraiment m’y intéresser. Sans doute la conséquence d’un séjour à Tokyo et à Matsumoto qui ne m’avait pas laissé de souvenirs impérissables. Un pays où il est difficile d’entrer en contact avec la population et d’appréhender sa culture.
Mais au diable les préjugés, je me suis lancé et dès les premières pages j’ai véritablement été envoûté par ce roman tout à fait extraordinaire et à nul autre pareil.
Un roman auquel je peux affubler une série de qualificatifs tant il est riche et foisonnant : fantastique, métaphorique, dramatique, humoristique, philosophique, initiatique, tragique, onirique, surréaliste, etc.
Résumer ce gros pavé de 600 pages est une véritable gageure tant il part dans tous les sens.
Quelques mots pour donner un petit aperçu.
Kafka Tamaruta est un adolescent de 15 ans, sa mère et sa sœur sont parties alors qu’il n’avait que 4 ans et il n’en a aucun souvenir, son père sculpteur célèbre n’a aucune attention pour lui et notre héros le hait. Il a reçu une terrible prophétie de son père : « Tu tueras ton père, tu coucheras avec ta mère et ta sœur ! »
Kafka Tamura décide de tout quitter, de fuguer sans laisser de trace avec un minimum de bagages. Suite à quelques péripéties négatives, il est pris en charge par une jeune fille Sakura qui va comme lui à Takamatsu, serait-ce sa sœur ? Féru de littérature et fréquentant tant et plus les bibliothèques, il découvre la bibliothèque privée de Komura et sympathise avec le jeune homme de l’accueil qui en fait est une femme. Il finira par trouver refuge dans cette bibliothèque et son étrange directrice, serait-ce sa mère ?
Parallèlement, il y a l’histoire du vieux Nakata, depuis un accident dans son enfance, il ne sait plus ni lire, ni écrire mais il sait parler aux chats, il n’a plus aucune mémoire. Obligé de fuir lui aussi à cause d’un crime qu’il a commis ou pas, le récit oscille constamment entre rêve et réalité, il sait qu’il doit aller quelque part mais il ne sait pas où, il le saura quand il y sera arrivé, ce sera Takamatsu, pour y faire quoi, il ne le sait pas, il le saura quand il y sera arrivé. Il est pris en charge par un routier qui pris d’affection pour ce vieil homme va tout abandonner pour l’aider.
Ce n’est qu’un petit avant goût du contenu de ce roman.
L’auteur multiplie les références littéraires, les citations de philosophes et d’auteurs grecs, quelques incursions dans la peinture et dans la musique, Beethoven en particulier, les métaphores sont nombreuses dans ce récit inimaginable, il pleut des poissons ou des sangsues, des fantômes apparaissent et malgré tout ce méli-mélo le récit reste attachant et envoûtant du début à la fin.
Un parcours initiatique d’un adolescent dans différents mondes, réels ou imaginaires, la quête de soi, la rencontre de personnages de fiction tels Johnny Walken ou le colonel Sanders (références à des publicités pour un whisky ou pour chaîne alimentaire), l’auteur nous entraîne dans un monde plein de métaphores et de symboles.
600 pages et je n’ai pas vu le temps passer, je suis certainement passé à côté de certains thèmes tant ce récit est riche et parfois désarçonnant.
Une réelle découverte qui va certainement m’inciter à découvrir un peu plus la littérature japonaise.
En marge du roman : Le Patchinko
Ça n’a rien à voir avec le roman, disons que ça fait partie de la vie japonaise, j’avais été frappé par cette manie des japonais, sortant du travail et s’engouffrant dans ces salons par dizaines, il en va de même avec les clubs de karaoké.
Pour définir un Pachinko rapidement : c’est un mélange entre une salle d’arcade et un casino, avec des jeux qui se basent sur l’utilisation de billes métalliques que l’on doit envoyer dans des trous afin de remporter un maximum de points.
C’est extrêmement bruyant: imaginez, des dizaines de milliers de billes métalliques qui tapent partout, des bruits de machine qui tournent à plein régime, et des sons/musiques super forte quand quelqu’un gagne quelque chose.
Ce sont des caractéristiques qui sont similaires à un casino, mais croyez-le ou non, un Pachinko c’est bien pire que ça: les lumières sont super agressives, le bruit force à parler très fort, tout en étant surplombé d’un épais nuage de fumée au plafond.