LE DÉSERT DES TARTARES

Quatrième de couverture : 

Giovanni Drogo a choisi la carrière des armes. Dans une forteresse oubliée, aux confins de la frontière du Nord, il attendra de longues années, face à l’étendue aride, le début d’une guerre improbable. Jusqu’au jour où les mirages du désert s’animeront.
Traduite dans le monde entier, cette vision allégorique saisissante de notre condition, de nos illusions et de nos rêves, est devenue l’un des classiques du XXe siècle.


Les rêves de gloire du jeune officier Giovanni Drogo s’arrêtent brusquement au fort Bastiani, dernière sentinelle d’une « frontière morte ». Que faire ? Rester et taire les tentations de la jeunesse, ou partir et avouer sa faiblesse devant l’épreuve qui l’attend ? La vanité militaire l’emportera et avec elle l’espoir d’un destin héroïque, mais c’est au confortable quotidien inlassablement identique qu’il va aliéner sa vie. Il ne se passera rien au fort qui puisse susciter tant d’espoir, rien qui puisse justifier l’absurde attente, si ce n’est l’emprise du désert. Lorsque, enfin, sonnera l’alarme, Drogo sera trop vieux et trop malade. Alors, résigné, il guettera serein son ultime ennemi… Dans cette spirale étourdissante où tout est scellé d’avance, l’ironie répond à la fatalité et Buzzati signe ici un ouvrage admirable de désespoir.





L'auteur : Dino BUZZATI

Nationalité : Italie, né à : San Pellegrino di Belluno , le 16/10/1906 Décédé à : Milan , le 28/01/1972 Dino Buzzati est un journaliste, peintre et écrivain italien. En février 1928, Dino Buzzati entre comme journaliste au Corriere della Sera, le plus grand quotidien du pays. A la fin des années trente, il est envoyé comme correspondant en Afrique. Il rentre à Milan en 1940 et devient chroniqueur de guerre à bord de différents croiseurs. En 1959, il connaît une déception amoureuse qui va lui inspirer « Un amour » mais en 1960, il fait la connaissance de Almerina Antoniazzi qui restera sa compagne jusqu’à la fin de sa vie. C’est en 1970, qu’on lui découvre un cancer du pancréas dont il décédera deux ans plus tard. L’œuvre de Dino Buzzati est très prolifique. Outre ses romans (dont le plus connu est « Le Désert des Tartares »), il a aussi écrit des nouvelles (dont le recueil « Le K », considéré comme l’une de ses œuvres les plus importantes), des contes moraux, des poésies burlesques, des pièces de théâtre et des scénarios de film. Il ne faut pas oublier son œuvre picturale : peinture et dessins.


Mon avis : 

Après quelques déceptions de lecture, et sur les conseils de mon ami Georges, je me plonge dans un roman qui est répertorié à juste titre comme un classique du XXème siècle. Bien m’en pris, j’ai retrouvé ici le souffle et la puissance que l’on ressent en se plongeant dans un chef d’œuvre.


Giovanni Drogo est un jeune militaire, lieutenant fraîchement sorti de l’Académie, il reçoit une affectation pour le fort Bastiani, un fort qui garde une frontière morte, loin de tout, loin des plaisirs de la ville, une nouvelle vie bien différente va commencer.
En arrivant dans ce fort entouré par une vallée, par des montagnes et par une plaine infinie faite de rochers et de buisson, le désert des Tartares, il n’a qu’une envie c’est de ne pas moisir dans ce sinistre endroit, il se donne 4 mois pour demander sa mutation.
Le fort est triste, un lieu d’inaction, un règlement militaire jusqu’à l’absurde, aucune distraction et un maître mot l’attente, toujours l’attente.
L’attente d’une improbable guerre venue du Royaume Nord, du désert des tartares, une guerre synonyme de gloire pour ces militaires. Et pendant cette attente, le temps passe inexorablement, sans s’en rendre compte c’est un espèce d’envoûtement collectif qui s’empare de cette garnison, certains officiers sont là depuis plus de 20 ans.
Et notre héros Giovanni Drogo n’y échappe pas, les 4 mois deviennent 4 années et bien plus , le temps fuit et quand il s’en rend compte il est trop tard.
Un roman extraordinaire, un roman sur l’attente, sur l’absurde, sur le temps qui file, sur la solitude de l’homme face à la vie.

Extrait : 

Jusqu’alors, il avait avancé avec l’insouciance de la première jeunesse, sur une route qui, quand on est enfant, semble infinie, où les années s’écoulent lentes et légères, si bien que nul ne s’aperçoit de leur fuite. On chemine placidement, regardant avec curiosité autour de soi, il n’y a vraiment pas besoin de se hâter, derrière vous personne ne vous presse, et personne ne vous attend, vos camarades aussi avancent sans soucis, s’arrêtant souvent pour jouer. Du seuil de leurs maisons, les grandes personnes vous font des signes amicaux et vous montrent l’horizon avec des sourires complices ; de la sorte, le cœur commence à palpiter de désirs héroïques et tendres, on goûte l’espérance des choses merveilleuses qui vous attendent un peu plus loin ; on ne les voit pas encore, non, mais il est sûr, absolument sûr qu’un jour on les atteindra.

Est-ce encore long ? Non, il suffit de traverser ce fleuve, là-bas, au fond, de franchir ces vertes collines. Ne serait-on pas, par hasard, déjà arrivé ? Ces arbres, ces prés, cette blanche maison ne sont-ils pas peut-être ce que nous cherchions ? Pendant quelques instants, on a l’impression que oui, et l’on voudrait s’y arrêter. Puis l’on entend dire que, plus loin, c’est encore mieux, et l’on se remet en route, sans angoisse.

De la sorte, on poursuit son chemin, plein d’espoir ; et les journées sont longues et tranquilles, le soleil resplendit haut dans le ciel et semble disparaître à regret quand vient le soir.

Mais, à un certain point, presque instinctivement, on se retourne et l’on voit qu’un portail s’est refermé derrière nous, barrant le chemin de retour. Alors, on sent que quelque chose est changé, le soleil ne semble plus immobile, il se déplace rapidement ; hélas ! on n’a pas le temps de le regarder que, déjà, il se précipite vers les confins de l’horizon, on s’aperçoit que les nuages ne sont plus immobiles dans les golfes azurés du ciel, mais qu’il fuient, se chevauchant l’un l’autre, telle est leur hâte ; on comprend que le temps passe et qu’il faudra bien qu’un jour la route prenne fin.



Il parut à Drogo que la fuite du temps s’était arrêté. C’était comme si un charme venait d’être rompu. Les derniers temps, le tourbillon s’était fait toujours plus intense, puis, brusquement, plus rien, le monde stagnait dans une apathie horizontale et les horloges fonctionnaient inutilement. La route de Drogo avait atteint son terme ; le voici maintenant sur la rive solitaire d’une mer grise et uniforme, et alentour pas une maison, pas un arbre, pas un homme et tout cela est ainsi depuis les temps immémoriaux.
Des extrêmes confins, il sentait avancer sur lui une ombre progressive et concentrique, c’était peut-être une question d’heures, peut-être de semaines ou de mois : mais même les semaines et les mois sont une bien pauvre chose quand il nous séparent de la mort. La vie donc n’avait été qu’une sorte de plaisanterie : pour un orgueilleux pari tout avait été perdu.

Le film : 

Film de Valerio Zurlini · 2 h 20 min · 12 janvier 1977 (France) Vittorio Gassman – Colonel Giovanbattista Filimore Giuliano Gemma – Major Matis Helmut Griem – Lieutenant Simeon Philippe Noiret – Général Jacques Perrin – Lieutenant Giovanni Drogo

L’ART DE PERDRE

Quatrième de couverture : 

L‘Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?


Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?


Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.

« Dans « L’art de perdre » (Flammarion), Alice Zeniter fait vivre et bouger trois générations meurtries par la guerre d’Algérie, à commencer par le grand-père harki. Une fiction pour réparer les non-dits d’une guerre occultée. » Culture Box

« À la fois quête d’identité et réconciliation avec soi, cette traversée redonne dignité et visibilité à des bannis de l’Histoire. » La Libre Belgique

L'auteur : Alice ZENITER


Nationalité : France, Née à : Clamart , le 07/09/1986
Alice Zeniter est une romancière, dramaturge et metteur en scène française.
Née d’un père algérien et d’une mère française, elle est entrée à la Sorbonne Nouvelle en même temps qu’à l’École Normale Supérieure (Ulm). Elle a suivi un master d’études théâtrales, suivi de trois ans de thèse durant lesquels elle a enseigné aux étudiants de la licence. Elle est partie en 2013, sans mener à bien son doctorat, pour se consacrer uniquement à ses activités artistiques.

Elle a vécu trois ans à Budapest où elle enseigne le français. Elle y est également assistante-stagiaire à la mise en scène dans la compagnie théâtrale Kreatakor du metteur en scène Arpad Schilling. Puis elle collabore à plusieurs mises en scène de la compagnie théâtrale Pandora, et travaille en 2013 comme dramaturge pour la compagnie Kobal’t.

Alice Zeniter a publié son premier roman, « Deux moins un égal zéro » (Éditions du Petit Véhicule, 2003), à 16 ans. Son second roman, « Jusque dans nos bras », publié en 2010, chez Albin Michel, a été récompensé par le Prix littéraire de la Porte Dorée puis par le Prix de la Fondation Laurence Trân.
En janvier 2013, elle publie « Sombre dimanche », qui décrit la vie d’une famille hongroise et reçoit le prix du Livre Inter ainsi que le prix des lecteurs de l’express et le prix de la Closerie des Lilas. Elle publie « Juste avant l’oubli » en 2015. Il obtient le Prix Renaudot des Lycéens 2015.

Son roman, « L’Art de perdre » (2017), qui retrace, sur trois générations, la vie d’une famille entre la France et l’Algérie, a reçu de nombreux prix littéraires, dont le Prix Goncourt des lycéens.
Elle est dramaturge et metteuse en scène
Alice Zeniter écrit aussi pour le théâtre dont « Spécimens humains avec monstres » (2011), lauréat de l’aide à la création du CnT, « Un ours, of course ! « , spectacle musical jeunesse paru chez Actes Sud en 2015, « Hansel et Gretel, le début de la faim » (2018).

Mon avis :

Après « Fort Saganne », je reste en Algérie pour ce roman multi primé, voyez plutôt ce palmarès assez éblouissant :
Prix Littéraire international IMPAC de Dublin – 2022, Prix du Journal le Monde – 2017, Prix des Libraires de Nancy et des journalistes du Point – 2017, Prix Goncourt – Lycéens – 2017, Prix Landerneau – Roman – 2017.
Un ensemble de très bonnes critiques tant de la presse que des lecteurs.


Le sujet est assez intéressant, je me souvenais de la guerre d’Algérie, de l’OAS, de la politique du général de Gaulle et du général Salan qui défendait une Algérie française, j’étais curieux d’en connaître un peu plus.
Le récit est découpé en trois parties, en trois générations d’une famille algérienne, tout d’abord le grand père Ali, de sa vie de Kabyle puis de son exil en France, de Hamid son fils et des ses difficultés pour s’intégrer et de Naima la petite fille en quête d’identité.
Après 270 pages d’ennui, j’ai abandonné la lecture de ce roman, je devrais plutôt dire de ce récit.
Un récit qui m’a paru bien long, des personnages auxquels on a du mal à s’attacher, un manque de souffle et de rythme, aucune émotion voilà sans doute les raisons de cet ennui qui m’a empêcher d’aller au bout de ma lecture.
Madame Zeniter ne fera pas partie de mes auteurs préférés.

FORT SAGANNE

Quatrième de couverture : 

Un «bâtisseur d’empire», un «Français d’épopée», tel apparaît, à distance, le lieutenant Charles Saganne, le héros de ce roman qui, en 1911, dégoûté de la vie de garnison qu’il mène en France, part pour le Sahara. Les tribus nomades du Grand Sud y résistent encore à la pénétration française.

De Djelfa à Tombouctou, au Hoggar, puis au Tassili des Ajjer, il connaîtra, à la tête de ses guerriers chaambas, des aventures qui paraissent aujourd’hui inimaginables. Il connaîtra aussi cette poignée d’officiers qui, isolés par le désert, loin des ordres et de tout contrôle, avaient licence de se comporter en maîtres absolus : grandeur et bassesse d’une conquête. Il sera fasciné, comme le sont encore de nos jours les voyageurs, par les Touareg, dont il apprendra la langue et sur lesquels il écrira un livre. Enfin, envoyé en mission à Paris, il sera mêlé aux intrigues du «parti colonial», et il découvrira, à travers une passion pour Louise Tissot, féministe et romancière célèbre, l’envers mondain de la politique.

A la veille de la guerre de 1914, ses exploits, et en particulier son combat contre le chef Sultan Ahmoud, lui vaudront d’être chanté par les poètes touareg et d’être célébré en héros par les journaux parisiens.
Au-delà de cette légende qui naît autour de lui sans qu’il y prête attention, qui est-il, ce petit-fils de paysan ariégeois ? Est-il, comme le lui dira le père de Foucauld, «un chercheur d’absolu» ? Est-il un ambitieux, avide de revanche sociale ? Qui est-il, ce beau garçon rieur, ce séducteur naïf, inconscient de son charme, qui semble à tous la solidité même, mais qui s’effondre parfois, terrassé par des crises de désespoir radical ? Qui est-il, ce jeune homme qui se méfie des sentiments, mais qui sera sur le point de renier tout ce à quoi il croit pour l’amour d’une femme ? Pourquoi lui, qui s’écriera en apprenant que la guerre est déclarée en Europe : «C’est la plus grande imbécillité de l’histoire !», est-il, depuis l’enfance, tenaillé par le besoin de risquer sa peau ?
Bref, comment est-ce fait, de l’intérieur, un héros d’autrefois ?

Ce troisième roman de Louis Gardel, étayé sur une sérieuse documentation est, certes, une épopée lyrique, vivement enlevée. Elle réveille en nous le romanesque saharien de l’entre-deux-guerres, mais teinté d’un humour, parfois cruel, qui ne laisse pas le drapeau indemne.


L'auteur : Louis GARDEL


Nationalité : France, né à : Alger , 1939.
Louis Gardel est membre du Conseil supérieur de la langue française, directeur de collection aux éditions Seuil, membre du jury du Prix Renaudot et également éditeur.

Touche-à-tout, Louis Gardel s’est illustré en tant que romancier avec ‘L’ Été fracassé’ en 1973, ‘Fort Saganne’ en 1980 qui a reçu le Grand prix de l’Académie française, en tant que scénariste avec ‘Indochine’ et ‘Est-Ouest’ de Régis Wargnier et ‘Nocturne Indien’ d’Alain Corneau.
Louis Gardel est l’auteur du magnifique ‘La Baie d’Alger’ paru en 2007, qui relate ses souvenirs d’enfance et d’adolescence en Algérie.

Mon avis :

Un livre retrouvé au fond d’un tiroir dans lequel il se planquait depuis des années, il n’avait pas belle allure, défraîchi et jauni par le temps. Je me souvenais qu’on en avait fait un film mais je n’ai aucun souvenir ni d’avoir lu ce roman, ni d’avoir vu le film.
Une œuvre qui a obtenu le « Grand prix de l’Académie française » en 1980.


Une histoire qui aurait certainement quelques soucis si elle sortait de nos jours, quelques sujets sensibles : colonialisme, racisme, prostitution de fillettes,…
L’action se situe avant la première guerre mondiale, en Algérie dans le Sahara, on y suit la vie de Charles Saganne, un jeune lieutenant d’origine modeste, beau, ambitieux, amoureux d’aventures et de grands espaces, il sera protégé par le colonel Dubreuilh, aristocrate qui l’envoie dans le Sahara profond.
Madame de Saint-Ilette voit d’un très mauvais œil la relation trop proche de sa fille avec un petit officier sans origine.
Saganne combattra avec courage avec ses soldats et ses alliés des tributs algériennes, il mettra en déroute une forte armée de touaregs en attaquant baïonnette au canon.

Décoré de la légion d’honneur, il est aux yeux de tous un héros, il partagera pendant quelques semaines la vie de la belle Louise Tissot, écrivaine et journaliste, libre de corps et d’esprit, il deviendra le confident du père Foucault et retrouvera la vie parisienne et Madeleine de Saint-Iliette.
La première guerre mondiale survient et notre lieutenant qui est devenu Capitaine demande et obtient une affectation.
Un roman en grande partie basé sur les écrits du Capitaine Gardel, grand père de l’auteur.
Un roman au style assez classique, sans doute un peu désuet et suranné mais très agréable et qui nous fait vivre l’époque coloniale en Algérie, ça sent le désert, la chaleur, la sueur, les tributs, les nègres, les femmes, les combats, les chameaux, le thé, les chèvres, le sable et les pierres.

En marge du roman : Fort Gardel

Affecté au bureau des affaires indigènes d’In Salah, le lieutenant Gabriel Gardel avec 45 méharistes de la Compagnie Saharienne du Tiddikelt, repousse à la baïonnette une harka de 350 touaregs senoussistes, pour la plupart armés de fusils à tir rapide, aux ordres d’Inguedazzen et du sultan Ahmoud les 10 et 11 avril 1913 lors du combat d’Esseyen-n-Afella (près de Ghat en Libye) et rejoint ensuite sa base après une marche de 120 km, les montures ayant été massacrées. Cela lui vaut la Légion d’Honneur et vaut la Médaille Militaire à plusieurs de ses hommes. En 1918, le fort Gardel est érigé en son honneur à Bordj El Haouas (au nord-ouest de la palmeraie de Djanet)


Télégramme enregistré le 8 mai 1913 au Gouvernement Général sous le n°1512 par le Bureau des Affaires Indigènes Militaires qui apprit à Alger la victoire d’Esseyen , dans l’Histoire des Compagnies Méharistes du site Limafox.


Gouverneur Général-sous couvert Commandant Corps d’Armée, Alger.- no 116 t –
Brillant succès –
Cie Tidikelt dix avril lieutenant Gardel commandant reconnaissance cinquante spahis attaques par harka trois cent cinquante cinq fusils.
Combat engagé rapidement acharné a duré quatorze heures dont toute une nuit ennemis-entourant positions spahis à trente mètres.
Moment critique.
Vigoureuse charge à la baïonnette menée par lieutenant Gardel et maréchal des logis Bagneres a couché sur terrain vingt-trois ennemis et mis en fuite le reste.
Quarante trois ennemis tués.Cinquante cinq blessés.Trente deux fusils tir rapide et nombreuses munitions prises de notre coté.
Deux tués sept blessés dont un grièvement.Trente-sept mehara tues .
Petite troupe de héros forcée retraiter à pied pendant cent-vingt kilomètres emmenant blessés recueillis par détachement de renfort à cinquante kilomètres de Djanet.
Lieutenant Gardel secondé par maréchal des logis Bagneres et brigadier de Conclois a fait preuve courage et sang froid admirables. Très belle conduite des spahis .
Renseignements arrivent de Ghat: harka forte trois cent cinquante cinq hommes commandée par Sultan Ahmoud et Inguedazzem disloquée quatre jours après combat.
Après avoir pillé commerçants tripolitains et caisses argent turc,Ghat évacué.Sécurité rétablie .
Quitterai Djanet dès que confirmation renseignements ci dessus .
Rentrerai à In Salah après avoir disloqué goum Ouargla.Une partie rentrera directement Ouargla autre partie reconnaissance Titersin .

Goum El Oued doit quitter région Adjer 1 mai après avoir exécuté reconnaissance Hassi Bourarehat-Ouan Sidi-In Azaoua.

Le film

Fort Saganne est un film français réalisé par Alain Corneau, sorti en 1984.

Ce fut, à l’époque, le film le plus cher du cinéma français. Un véritable fort a été construit dans la Passe d’Amogjar, sur la piste de Chinguetti pour les besoins du tournage.
Une poignée d’années après sa sortie en salles, le film fut diffusé en plusieurs soirs à la télévision française sur la chaîne Antenne 2 sous forme de mini-série incluant un certain nombre de scènes additionnelles.
Romy Schneider devait à l’origine interpréter le rôle de Louise mais, avec le décès de l’actrice survenu en mai 1982, le rôle revint à Catherine Deneuve.
Le film devait être réalisé par Robert Enrico qui à la suite de la mort de Romy Schneider se retira du projet.

JUSTICE DIVINE

Quatrième de couverture : 

Vanja, la fille de Sebastian Bergman, travaille sur une affaire de viols en série à Uppsala. Le modus operandi de l’assaillant : anesthésier ses proies et leur couvrir la tête d’un sac avant de les plonger dans l’horreur. Lorsque l’une d’entre elles est tuée, la brigade criminelle est mobilisée. Sebastian Bergman pensait en avoir fini avec la police mais il est une fois de plus amené à intervenir – au grand dam de sa fille. Il se lance alors tant bien que mal avec ses anciens coéquipiers dans une enquête éprouvante. Petit à petit, ils découvrent que les crimes ne sont pas dus au hasard. Mais y a-t-il un lien entre eux ? Et pourquoi tant de personnes – y compris les victimes – semblent si peu enclines à dire la vérité ? Vanja, Sebastian, Billy, Ursula et Torkel vont devoir mettre de côté leurs différends personnels pour trouver celui qui sème la terreur à Uppsala. Alors que la plus grande menace se trouve peut-être parmi eux…





Les auteurs : Michael HJORTH et Hans ROSENFELT


Michael Hjorth est un producteur, réalisateur, scénariste et romancier suédois.
Son travail de scénariste est presque entièrement destiné à la télévision, où il amorce sa carrière en 1994. Il est notamment, en 1996, le chef scripteur de la série télévisée suédoise « Mysteriet på Greveholm ».
Il produit, écrit et réalise, en 2000, le film « Det okända » qui remporte le Grand prix du Cinénygma – Luxembourg International Film Festival.
À partir de 2011, il publie, en collaboration avec Hans Rosenfeldt, une série littéraire centrée sur les enquêtes du profileur et psychologue de la police suédoise Sebastian Bergman.
Il est l’un des créateurs, en 2012, de la série télévisée suédoise « Les Enquêtes d’Érica » (« Fjällbackamorden »), dont il a signé les scénarios.
Michael Hjorth a cofondé la société de production « Tre vänner », produisant des films pour la télévision et le cinéma.

Hans Rosenfeldt
est un scénariste et romancier suédois.
Il a été gardien de lions de mer, chauffeur, enseignant, comédien, animateur de radio. Son travail de scénariste est presque entièrement destiné à la télévision, où il amorce sa carrière en 1995.
Il co-crée les séries télévisées suédoises « De drabbade » (2003) et « Contre-enquête » (« Oskyldigt dömd », 2008-2009), et crée seul la série scandinave « Bron » (2011-2015).
Par la suite, Hans Rosenfeldt devient le scénariste de la série policière britannique « Marcella », diffusée sur le réseau ITV en Angleterre, et sur Netflix à l’extérieur du Royaume-Uni. La première saison de « Marcella » a été adapté par TF1 sous le nom de « Rebecca » avec Anne Marivin dans le rôle titre.
À partir de 2011, il publie, en collaboration avec Michael Hjorth, une série littéraire centrée sur les enquêtes du profileur et psychologue de la police suédoise Sebastian Bergman (6 tomes, 2011-2018).

Mon avis : 

Le début de ce roman m’est apparu assez confus, j’ai eu du mal à comprendre les relations familiales et/ou professionnelles entre les différents personnages, ce que je ne savais pas c’est que ce roman fait partie d’une série appelée « Dark secrets » dont c’est le sixième tome, ceci explique cela.
Néanmoins au fur et à mesure de ma lecture les choses se sont éclaircies, pas toutes mais suffisamment pour entrer dans le sujet. J’ai donc découvert une équipe chevronnée de la brigade criminelle qui enquête sur une bizarre affaire de viols et de crimes en série.
Un violeur qui procède toujours de la même manière, anesthésie de la victime par piqûre dans le cou et placement d’un sac sur la tête. Notre équipe de choc va chercher et trouver le lien entre toutes les victimes, prostitution, religion, groupe anti avortement, etc.
Le suspens est bien amené, les pistes nombreuses et variées et le dénouement final est inattendu. Des chapitres courts et une lecture qui devient rapidement addictive avec néanmoins un bémol.
Les auteurs passent beaucoup de temps sur les relations extrêmement houleuses entre les enquêteurs, et il y a de quoi, ainsi le profil psychologique des personnages prend un peu trop de place, entre le profileur obsédé sexuel , sa fille qui ne veut plus le fréquenter, le spécialiste informatique en prise avec ses pulsions, la commissaire en chef d’Upsalla et le chef de la criminelle dont elle lorgne la place, sans oublier Ursula, ex maîtresse de notre profileur psychologue, tout cela nous donne une équipe particulièrement improbable.
Si les auteurs voulaient nous livrer une lecture divertissante ils y sont parfaitement arrivés.

MADAME HAYAT

Quatrième de couverture : 

Fazil, le jeune narrateur de ce livre, part faire des études de lettres loin de chez lui. Devenu boursier après le décès de son père, il loue une chambre dans une modeste pension, un lieu fané où se côtoient des êtres inoubliables à la gravité poétique, qui tentent de passer entre les mailles du filet d’une ville habitée de présences menaçantes. Au quotidien, Fazil gagne sa vie en tant que figurant dans une émission de télévision, et c’est en ces lieux de fictions qu’il remarque une femme voluptueuse, vif-argent, qui pourrait être sa mère. Parenthèse exaltante, Fazil tombe éperdument amoureux de cette Madame Hayat qui l’entraîne comme au-delà de lui-même. Quelques jours plus tard, il fait la connaissance de la jeune Sila. Double bonheur, double initiation, double regard sur la magie d’une vie. L’analyse tout en finesse du sentiment amoureux trouve en ce livre de singuliers échos. Le personnage de Madame Hayat, solaire, et celui de Fazil, plus littéraire, plus engagé, convoquent les subtiles métaphores d’une aspiration à la liberté absolue dans un pays qui se referme autour d’eux sans jamais les atteindre. Pour celui qui se souvient que ce livre a été écrit en prison, l’émotion est profonde.





« Pétri d’humanité et de grâce, ce roman, ode à la liberté, à la fraternité et à la littérature, est proprement enthousiasmant. Par vidéo, Ahmet Altan a dédié son prix Femina « à toutes les femmes turques et kurdes injustement emprisonnées, pour des raisons politiques ». L’express

« Simple, profond, émouvant, Madame Hayat nous raconte d’une voix forte cette éducation sentimentale accélérée, tout en filant la métaphore subtile d’un pays qui ne se reconnaît plus. » Le Devoir

« 
« Ahmet Altan a écrit ce roman de la démesure, fou de sensualité, autour d’une liaison entre un jeune figurant et une femme mûre, voluptueuse et insaisissable. Une ode à la liberté sous toutes ses facettes.«  Les Inrocks

L'auteur : Ahmet ALTAN

Nationalité : Turquie, né à : Ankara , le 02/03/1950

Ahmet Altan est un écrivain et essayiste turc. Son père est Çetin Altan, communiste, député d’un Parti ouvrier de Turquie entre 1965 et 1969, et célèbre à l’époque par ses livres et sa contestation du pouvoir des militaires. Il fut emprisonné et torturé pour son opposition au régime militaire.
Son frère, Mehmet Altan (1953) est un écrivain, journaliste de télévision et professeur d’économie à l’Université d’Istanbul.
Ahmet Altan est également rédacteur en chef de l’influent journal « Milliyet », puis fondateur du quotidien « Taraf », le premier partenaire turc de WikiLeaks, en 2007.
Il est diplômé du Robert College of Istanbul et de la Faculté d’économie de l’Université d’Istanbul. Il travaille pendant plusieurs années comme journaliste, notamment à « Taraf », jusqu’en 2012.

Ahmet Altan est accusé d’avoir participé au putsch manqué du 15 juillet 2016, dans un contexte d’arrestations massives frappant les milieux médiatiques et intellectuels. Il est accusé d’avoir appelé au renversement du gouvernement, incarcéré en septembre 2016 et condamné à la perpétuité aggravée en 2018.
En avril 2021, Ahmet Altan est remis en liberté après plus de quatre ans et demi à la prison de haute sécurité de Silivri.

Ses romans, écrits pour partie en détention, rencontrent le succès en France.
Ahmet Altan est aujourd’hui l’un des écrivains les plus brillants de Turquie, auteur de romans et des essais qui l’ont rendu célèbre et indépendant. En 1982, sort son premier roman, « Dört Mevsim Sonbahar » (Quatre saisons d’automne). « Comme une blessure de sabre » (« Kılıç Yarası Gibi »), publié en 1998, s’est vendu à 150.000 exemplaires.
Son roman, « Madame Hayat », a obtenu le prix Femina étranger 2021.


Texte d’Ahmet Altan pour la remise du Prix Femina – 25/10/2021

La littérature est un miracle. Et les personnages que crée la littérature vivent plus longtemps que les créatures de Dieu. Aucune être humain créé par Dieu ne peut survivre à Hector de Troie, à Hamlet, au père Goriot, à Faust, à Anna Karénine, au capitaine Achab ou au petit prince. L’autre avantage des créatures littéraires, c’est qu’elles sont plus robustes, plus fascinantes et plus durables que leurs créateurs…
Comme tous les enfants épris de littérature, j’ai grandi dans l’adoration de ce miracle, avec la croyance qu’il n’y avait rien de plus merveilleux au monde, animé d’une empathie et d’un amour profonds pour tous ces personnages. Et j’ai rêvé de faire partie d’un tel miracle, de baigner à mon tour – si peu que ce soit – dans cette lumière divine.

Aujourd’hui, ce miracle, je suis en train de le vivre.
Madame Hayat a vu le jour dans une cour de prison qu’elle a illuminé de son ironie et son sourire taquin. Pendant des jours, des mois, des années, elle a vécu avec moi en prison. Je l’ai aimée, je l’ai infiniment aimée.
On dit que les écrivains sont jaloux. Peut-être, oui. Mais leur jalousie ne s’étend pas à leurs créatures. Au contraire, ils veulent les partager avec les autres. Moi aussi, j’ai voulu que les autres aiment Madame Hayat autant que je l’aimais. Qu’ils tombent amoureux d’elle autant que j’en étais tombé amoureux. Qu’ils puissent l’apprécier autant que je l’ai appréciée.

Ce prix montre que vous l’avez aimée. Vous ne pouvez pas savoir le bonheur que vous donnez. Aujourd’hui, Madame Hayat va là où je ne peux aller, elle rencontre des gens que je ne peux rencontrer, elle discute avec des gens à qui je n’ai pas la liberté de parler. Elle leur sourit, elle plaisante avec eux, et surtout leur rappelle qu’ils ne doivent pas trop se prendre au sérieux. Elle a vu le jour en prison, mais aujourd’hui elle se promène dans Paris. Libre, et heureuse.
Sa liberté me rend plus libre.

Je vous suis infiniment reconnaissant de m’accorder ce bonheur et cette liberté. Merci à vous toutes et tous. Vous m’avez offert bien plus qu’un prix littéraire. Cette joie, j’aimerais partager ma joie avec quelques personnes : je veux dédier ce prix à toutes les
femmes turques et kurdes injustement emprisonnées, pour des raisons politiques, au cours de ces années passées avec Madame Hayat. Pour leur dire que même si le droit et la justice les ont oubliées, la littérature, elle, ne les a pas oubliées et ne les oubliera jamais. Je voudrais que comme Madame Hayat, aussi longtemps qu’elle sera libre, ces femmes puissent respirer le parfum de la liberté.
Une fois encore : merci à toutes et tous. Dans l’espoir et au plaisir de vous rencontrer un jour.
Traduction : Julien Lapeyre de Cabanes

Mon avis : 

Ce roman a été écrit en prison, Ahmet Altan a été condamné à perpétuité en 2018, accusé d’avoir participé au putsch manqué du 15 juillet 2016 en Turquie. Des milliers de personnes furent arrêtées et emprisonnées. Il fut remis en liberté en avril 2021 après 4 ans et demi passés en prison de haute sécurité.
Rien d’étonnant que le contexte de ce roman se passe dans un pays en ébullition où la liberté d’expression est bafouée, où la terreur s’est installée et où des barbus armés de bâtons font la loi.
L’auteur ne cite pas de pays, ni d’époque mais il n’est pas difficile de deviner que nous sommes en Turquie, à Istanbul. Le sentiment de terreur ira crescendo avec des rues qui se vident, des arrestations pour des motifs futiles, etc.


Fazil, le jeune narrateur de l’histoire, est étudiant à l’université, son père qui avait une activité prospère a fait faillite suite à une décision gouvernementale concernant l’importation de tomates. Du milieu privilégié dans lequel il vivait il tombe dans le milieu des pauvres, des désargentés. Il s’installe dans un foyer, il occupe une chambre, la cuisine est commune, une espèce d’auberge espagnole où il côtoie une belle galerie de personnages tous bien typés, le Poète, un journaliste qui risque sa vie en écrivant pour une revue d’opposition, un homosexuel travesti ou encore un grand père qui veille sur sa petite fille.
Pour gagner un peu d’argent, Fazil fait de la figuration sur le tournage d’une émission télévisée, c’est la qu’il va rencontrer les 2 femmes qui vont changer sa vie.


Tout d’abord la voluptueuse Madame Hayat, une femme mûre qui pourrait être sa mère, elle est sensuelle, loin d’être une intellectuelle, elle possède une espèce de sagesse de celle qui a vécu, elle aime les plaisirs, la vie et les documentaires sur tous les sujets possibles. Une femme qui véritablement rayonne, elle va fasciner Fazil qui va en tomber éperdument amoureux.
Il y a ensuite la jeune Sila, elle aussi étudiante , ils partagent ce point commun d’aimer la littérature et d’en discuter avec passion pendant des heures. Ils citent des extraits de grands romans classiques, en discutent , un vrai plaisir partagé. Elle aussi de fille de parents riches elle s’est retrouvée après l’arrestation de son père dans la même situation que Fazil. Sila est belle, froide et distante, elle rêve de quitter le pays. Leur relation deviendra petit à petit passionnelle.



Ce roman écrit dans un très beau style très poétique est à la foi un roman d’amour, un roman d’initiation, un roman politique et une ode à la liberté, à la culture et à la littérature. Je ne suis pas prêt d’oublier Madame Hayat.

Extrait : 

Quatre étages sous terre, un homme poussa la porte et me fit entrer. Je pénétrai dans une obscurité lumineuse.


Je fus aussitôt aveuglé par une pluie de lumière jaillie du côté opposé à la porte d’entrée, à l’autre bout d’une grande salle au plafond voûté. La violence du jet m’obligea à fermer les yeux ; je les rouvris progressivement. Sous les spots à la lumière crue qui étaient suspendus au plafond, les gens et les choses apparaissaient comme des trésors surnaturels. Sur le mur, un ballet tourbillonnant de faisceaux violets, bleus, mauves, réussissait à triompher de la blancheur mordante des spots. En dessous d’eux, un plateau d’environ trente centimètres d’épaisseur occupait le centre de l’espace. Des tables en forme de demi-lune étaient placées aux coins de cette scène, entourées de chaises habillées de voiles de satin noués en forme d’immenses papillons au niveau du dossier. À gauche du plateau, un orchestre de musiciens vêtus de chemises roses.

La lumière blanche des spots était réduite par les grands caches mobiles qui les encadraient, elle perdait en puissance à mesure qu’elle s’éloignait du plafond vers les murs qui restaient plongés dans le noir, encerclant d’une ceinture d’ombre le centre aveuglant de la salle. Des tables plus lointaines occupaient l’espace entre le plateau et les murs. Des gens y étaient attablés par groupes de trois ou quatre. Je m’assis à l’une de celles du fond.


Au signal de l’homme sur le plateau, les gens attablés se mirent à applaudir. Une femme vêtue d’une toilette rouge fit son entrée par une porte invisible située du côté où dansaient les faisceaux colorés, en chantant une chanson aux notes vacillantes. Elle était grosse. Sa robe au décolleté plongeant l’étranglait comme un corset ; ses seins, sa chair grasse, ses hanches lourdes débordaient à l’air libre. Mais elle ne cherchait pas à dissimuler ses formes, elle s’appliquait au contraire à en faire partout surgir les plantureuses rondeurs.

Toutes les chanteuses qui apparurent ensuite, dans des robes de couleurs différentes quoique toutes aussi près du corps, étaient du même calibre. L’une d’elles, vêtue d’un habit bleu sarcelle, était aux trois quarts enrobée de dentelles qui laissaient voir son soutien-gorge et toute la lourdeur de sa chair. De ma vie, je n’avais jamais vu autant de femmes grosses et aguicheuses à la fois. Les codes esthétiques en vigueur dans cet endroit étaient bien différents de ceux de “là-haut”. Dans le monde d’en haut, la mode était aux femmes jeunes, petite poitrine, hanches étroites, la chair mince, la jambe longue et fine, tandis qu’ici, en bas, on aimait les poitrines voluptueuses, les hanches larges, les chairs rondes et les fortes cuisses de femmes d’âge mûr, onduleuses et élastiques.


Les images tournées par les caméras s’affichaient simultanément sur un écran géant placé sur le mur à gauche du plateau. Elles montraient les chanteuses, mais aussi, de temps en temps, les spectateurs dans le public, et parfois l’un d’eux en gros plan. Ceux qui étaient installés aux tables situées directement sur le plateau semblaient être des vétérans de l’émission, on voyait qu’ils étaient habitués à l’endroit et à ses mœurs. La caméra fit soudain un zoom sur l’une des femmes assises à ces tables privilégiées. Son visage apparut en grand sur l’écran. On était aussitôt frappé par ses longs cheveux roux-blond, ses joues à la douceur élastique, comme si elles venaient d’être façonnées dans une pâte tendre, ses yeux aux contours soulignés de fins traits de khôl, ses lèvres délicatement retroussées vers le haut. Mais le plus étonnant était l’expression générale de son visage : il était tout empreint d’une espièglerie malicieuse, comme si elle s’apprêtait à lancer une blague assassine. Elle allait éclater de rire. Son visage disparut de l’écran sans que j’aie eu le temps de l’observer davantage.


Elle avait attiré mon attention depuis le début. Comme les autres femmes, elle portait une robe au décolleté profond, couleur de miel, qui moulait fermement son corps tout en rondeurs. Elle prenait plaisir à danser et à chanter, avec grâce, au rythme des autres spectateurs, quand ils commençaient à reprendre en chœur les chansons. Ses épaules nues brillaient dans la lumière. Et moi je n’étais pas très fort pour deviner l’âge des femmes. Ma mère avait l’habitude de dire que “comme les Blancs qui ne comprennent pas comment les Asiatiques aux yeux bridés arrivent à se reconnaître entre eux, les jeunes ne voient plus de différences entre les gens qui ont passé un certain âge”. Elle avait raison. Au-dessus de trente ans, pour moi tout le monde se ressemblait. Néanmoins, il ne m’était pas dur de deviner que la femme sur scène avait entre quarante-cinq et cinquante-cinq ans.

Contrairement à la majorité des spectateurs du public, qui se mettaient à faire de grands gestes pour qu’on les filme dès qu’ils s’apercevaient que la caméra s’approchait d’eux, ses mouvements à elle n’avaient rien de démonstratif ni d’obscène. Elle avait de très belles hanches. Mais même lorsque son corps remuait dans les positions les plus étranges, les plus lascives, elle semblait devoir garder une sorte de contenance immaculée. Elle était très excitante, et cependant, d’une façon étrange, elle dégageait quelque chose de hautain, d’inaccessible. Jusque-là je n’avais jamais imaginé que les femmes âgées puissent être aussi attirantes. J’étais émerveillé, abasourdi.

DES SECRETS BIEN GARDÉS

Quatrième de couverture : 

Londres, 1945. Qui héritera de la fortune de Hugo Barrington ? Sir Giles Barrington, son fils légitime, ou Harry Clifton, probable bâtard né juste avant Giles, déjà père de l’enfant d’Emma Barrington ? Une décision qui va déterminer les destins de cette génération de façon irréversible… Tandis que Harry retourne aux États-Unis pour promouvoir son dernier best-seller, Giles se retrouve pris au piège de haines de longue date dans sa lutte pour le pouvoir à Londres. Mais c’est Sebastian, représentant de la nouvelle génération des Clifton, le fils de Harry et d’Emma, qui va finalement faire basculer la carrière politique de son oncle Giles une décennie plus tard. Secrets trop longtemps enfouis, vengeances longuement méditées, amours enfin possibles ou alliances intéressées, une saga époustouflante portée par des personnages inoubliables.





Tout est réuni pour rendre cette lecture totalement addictive, un excellent « page-turner ». Version Femina

L'auteur : Jeffrey ARCHER

Mon avis : 

J’avais achevé le deuxième tome de la chronique des Clifton, qui en possède 7, assez désabusé par un scénario pour le moins invraisemblable. Ce troisième volet m’a réconcilié, j’ai retrouvé une histoire attachante, une vraie saga, avec ses disputes familiales, ses mariages, ses décès, ses complots, ses trahisons, ses vengeances et tout ce qu’on peut imaginer dans une vie de famille. Un roman qui se lit vite et facilement, pas besoin de se prendre la tête, la lecture idéale pour les longues soirées d’hiver au coin du feu ou pour les vacances sur la plage. Aucune surprise n’est à attendre, tout coule de source…. sauf la fin inattendue. En avant pour le 4ème tome.

L’ENVERS DE LA CHARITÉ

Quatrième de couverture : 

Lyon, printemps 1786. Antoine Léonard Toussaint, chirurgien juré auprès du bailliage d’Orléans, est le promoteur d’une science nouvelle, la chirurgie judiciaire qui deviendra la médecine légale après la Révolution. Suite au succès retentissant de son ouvrage, le Traité de chirurgie judiciaire à l’usage des chirurgiens jurés, il a été invité par l’académie des sciences de Lyon à venir donner une série de cours au collège de chirurgie de la ville.


À peine installé à Lyon, Toussaint se voit confier l’enquête sur le meurtre du recteur Coudurier, en charge de l’apothicairerie de la Charité. Il apprend alors qu’un premier recteur a déjà été assassiné quelques mois plus tôt, dans cette même apothicairerie.
Aidé du jeune apothicaire Pierre Michelet et du commissaire Bernardin, Toussaint est confronté aux agissements criminels d’une bande qui sévit à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital de la Charité pour des enjeux qui se révèlent colossaux.





L'auteur : Pascal GRAND

Pascal Grand est un écrivain français, auteur de roman policier et cadre de l’Éducation nationale.
Natif de la région lyonnaise, il doit à l’Éducation nationale d’avoir pu découvrir le val ligérien, un premier poste d’enseignant à Orléans, où il est resté près de 25 ans.
Ayant à cœur de faire découvrir sa région d’adoption, il s’est intéressé à son histoire, et c’est lors d’une énième visite au musée de la Marine de Loire de Châteauneuf-sur-Loire que s’est imposé le point de départ des aventures d’Antoine Léonard Toussaint.
Aujourd’hui cadre dans cette même institution qui favorise toujours autant la mobilité géographique, il est à Lyon, après Reims et Dijon.
Après « De sucre et de sang » (2017), « L’Envers de la charité » (2019), son deuxième roman policier a reçu le Prix Canut 2020.

Mon avis : 

Ce roman policier situe son action à la fin du XVIIIème siècle dans la ville de Lyon.
Les lyonnais seront sans doute les premiers intéressés par cet ouvrage, ils reconnaîtront les différentes rues, places, bâtiments et autres lieux que ne manque pas de décrire l’auteur. Il pousse le détail jusqu’à citer le nom de l’époque et le nom actuel. Sans doute Pascal Grand voulait–il démontrer sa bonne connaissance de la ville, mais tous ces détails n’apportent rien à l’intrigue proprement dite.
Dans le même ordre d’idée il emploie un tas de mots utilisés à l’époque et plus du tout à l’heure
actuelle, des noms d’outils, de métiers, de plantes, etc. ce qui n’allège pas le récit. Reconnaissons lui un travail de recherche historique important.
L’intrigue elle-même n’est pas mal ficelée quoique un peu brouillonne, quant à la fin, c’est sans doute la pire fin pour un roman policier.
Je n’ai pas vraiment apprécié ce roman que j’ai déposé des tas de fois sans avoir l’envie de le reprendre, la passion n’y était pas.

En marge du roman : L’hôpital de la Charité-Lyon
 

Depuis 1666, se dresse à Lyon, entre la Place Bellecour et le Rhône un magnifique clocher sur lequel nous pouvons lire cette inscription : « Ici s’élevait l’Hôpital de la Charité dont la première pierre fut posée en 1617 et qui servit de modèle à de nombreux hôpitaux.

Il fut édifié par l’aumône générale fondée en 1533 grâce à la générosité publique pour venir en aide aux lyonnais dans la détresse. C’est là tout ce qui nous reste de l’Hôpital de la Charité et les Lyonnais doivent s’estimer heureux que le magnifique clocher construit d’après un croquis du Bernin passant par Lyon pour regagner l’Italie, n’ait pas subi le sort de l’hôpital !
Ce « Nouveau Clocher » pour un hôpital, vieux déjà de 50 ans, avait été demandé par les échevins et les recteurs afin qu’il soit en harmonie avec l’église de Notre Dame de la Charité dont le clocheton s’était écroulé en 1647. Il est l’œuvre du Maître Maçon Jacques Abraham dit « la liberté ».

Quant à l’hôpital lui-même il était né de la nécessité de rassembler en un seul bâtiment les divers services de l’Aumône Générale dispersés jusqu’alors en divers endroits de la ville dans des bâtiments vétustes et dépassés. Après bien des recherches, on s’arrêta sur le choix d’un vaste terrain (21 bicherées soit environ 3 hectares) situé sur le territoire de Saint Hélène, en bordure du Rhône, séparé de l’Hôtel Dieu par la place Bellecour. Le 3 décembre 1615, les recteurs prennent officiellement possession de l’emplacement sur lequel le père Martellange, architecte de la Compagnie de Jésus, édifiera notre hôpital. La construction sera achevée en 1633. Elle se présentait sous l’aspect d’un grand rectangle comprenant quatorze corps de bâtiments, et neuf cours intérieures. La façade principale s’étendait le long du Rhône, faisant pendant à l’Hôtel-Dieu. Trois siècle plus tard, en 1934, la Charité disparaissait et de nombreux lyonnais déplorèrent la démolition du vieil hôpital. « Ils aimaient le charme paisible de ses cloîtres aux grilles ouvragées, de ses galeries superposées, le calme tranquille de ses cours… »

LES IDÉALISTES

Quatrième de couverture : 

Un jour de désœuvrement, un jeune professeur d’université au chômage pousse la porte d’un bureau ordinaire… et voit sa vie chanter à tout jamais. En quelques instants, il passe de l’apathie à la passion, de l’hésitation au risque, de la timidité à la flamboyance.
Dans cette pièce sans âme se trouve en effet Waldo Woodson, le responsable des discours de la députée latino-américaine Teddy Ruiz. Cultivé, imprévisible, fascinant, Woodson est l’un de ces hommes qui bouleversent irrémédiablement les règles du jeu, qui réclament toujours plus de l’existence au risque d’y perdre leur santé – mais jamais leur temps. Véritable génie du verbe, puits de sciences sur la politique américaine, il entraîne le nouveau venu dans la campagne électorale dont il est l’éminence grise. Ensemble, ils rédigent les discours et tissent une amitié faite d’admiration et de rivalité.
Pourtant, l’assurance de Waldo Woodson dissimule des failles, des désillusions et un secret qui rongent minutieusement son énergie et transforment son formidable talent en une arme à double tranchant. De celles que l’on retourne contre soi.


Un roman ample et prodigieusement construit qui conjugue le récit d’une amitié exceptionnelle, le drame amoureux et la fiction politique. L’auteur s’inscrit dans la lignée de F. Scott Fitzgerald, Tom Wolfe et Joseph O’Neill qui excellent aussi bien dans l’analyse de la société que dans celle de l’intimité des personnages.

Critiques Presse : 

« « Les idéalistes » met en scène les rédacteurs des discours des politiciens. Le Soir


« Dans ce troisième roman, Kristopher Jansma se fait l’entomologiste d’une fascination et se révèle un émule de Tom Wolfe. » Le Figaro


«Curieux roman que « Les idéalistes » (qui pour le moment n’a pas trouvé d’éditeur aux Etats-Unis), sans guère d’histoire à proprement parler, juste un fil narratif assez fin, mais où l’on s’attache aux pas des personnages et aussi à eux.» Netgalley





L'auteur : Kristopher JANSMA

Nationalité : États-Unis, né à : Lincroft, New Jersey , 1982


Kristopher Jansma est un romancier et essayiste.
Titulaire d’un BA à l’Université Johns Hopkins et d’un MFA à l’Université Columbia, il a enseigné l’écriture créative à Manhattanville College et à l’Université d’État de New York à Purchase (SUNY Purchase College).
Il est professeur adjoint à l’Université d’État de New York à New Paltz (SUNY New Paltz College).
Ses essais ont été publié dans plusieurs revues américaines et dans le New York times entre 2011 et 2013.
Son premier roman, « La robe des Léopards » (The Unchangeable Spots of Leopards, 2013), a reçu de très bonnes critiques dès sa sortie.
En 2014, il remporte le prix de la meilleure fiction de la fondation Sherwood Anderson.
Son deuxième roman, « New York Odyssée » (Why We Came to the City, 2016) a été sélectionné pour le prix France Inter-Journal du Dimanche.

Mon avis : 

Que dire à propos de ce roman : Rien ! Je n’ai pas du tout accroché, malgré 3 tentatives j’ai trouvé ce récit très barbant (le terme est faible) et j’ai abandonné après une bonne centaine de pages.

DERNIÈRE OASIS

Quatrième de couverture : 

Un spécialiste libanais de l’archéologie orientale est invité dans le nord de l’Irak par un certain général Ghadban à expertiser diverses pièces antiques. Il est reçu au milieu de plantations qui sont comme une oasis dans le désert, un îlot hors du temps, où il attend son mystérieux hôte en méditant sur la splendeur des paysages et sur l’origine des pièces qu’il soupçonne d’être liées à un important trafic d’art.

Mais en ce début d’été 2014, à la veille du déferlement de violence en Irak, ce lieu d’apparence si paisible, occupé par l’atypique brigade du général Ghadban, entouré d’un côté par les forces kurdes et de l’autre par les djihadistes de Daech, se retrouve aux avant-postes de grands bouleversements – autant dire que sa sereine beauté est digne du calme qui précède la tempête.
Sur les trésors à jamais perdus et sur la marche erratique de l’Histoire, Charif Majdalani signe un singulier roman d’aventures, aussi contemplatif et nostalgique que captivant, qui confronte le vain fracas humain à la bouleversante puissance de l’art et à l’immuable indifférence de la nature.

« Un roman virtuose sur le chaos du monde vu du Moyen-Orient. » Le Figaro





L'auteur : Charif MAJDALANI

Nationalité : Liban, né à : Beyrouth , 1960
Charif Majdalani est un écrivain libanais de langue française.
Né à Beyrouth en 1960, Charif Majdalani quitte son pays en 1980 à destination de la France pour suivre des études de lettres modernes à l’université d’Aix-en-Provence. Il revient au Liban en 1993 après avoir soutenu sa thèse sur Antonin Artaud.


Dans un premier temps, il occupe un poste d’enseignant à l’université de Balamand puis à l’université Saint-Joseph de Beyrouth où il est professeur de lettres.
À partir de 1995, il participe à la revue d’opposition L’Orient-Express, en charge de la rubrique littéraire. Cette collaboration s’achèvera en 1998 année de la cessation de publication de ce journal.
En 1999, Charif Majdalani revient à l’enseignement dans l’université Saint-Joseph de Beyrouth où il est en charge du département de Lettres Françaises. Ce poste lui permet d’accueillir des romanciers français et libanais.

Lors du sommet de la francophonie 2002, il publie un livre Le petit traité des mélanges. Parallèlement à l’enseignement, on peut lire sous sa plume une chronique mensuelle publiée dans le journal La Montagne.
« Villa des femmes » obtient le Prix Transfuge du meilleur roman arabe et prix Jean-Giono 2015.
« Beyrouth 2020 : Journal d’un effondrement » reçoit le Prix Femina – Prix spécial du jury.

Mon avis : 

En route, nous partons au Moyen-Orient dans le Nord de l’Irak, à proximité de Mossoul et du Kurdistan Irakien. Le narrateur du récit est un éminent spécialiste d’archéologie orientale, il est libanais, bien connu du secteur des antiquités, des musées, des collectionneurs, parfois à la limite du trafic, du clandestin et de l’interdit. Invité par un général qui est en possession d’un trésor archéologique, il ne peut résister à l’envie de découvrir ces pièces et leur provenance. Arrivé à Cherfanieh, son interlocuteur n’est pas sur place, trop occupé à la gestion de ses troupes.

Notre narrateur n’a qu’une chose à faire, c’est attendre, c’est la partie du roman où il ne se passe pas grand-chose, il entre dans une certaine contemplation, ébahi du monde qu’il découvre.

« Je lui dis que ce n’était pas pour rien que l’humanité se prétendait née ici, et qu’elle y avait mis comme dans un paradis le premier homme et la première femme. Puis je songeai que, depuis notre position, et durant trois millénaires, des dizaines de peuples qui s’étaient succédé ici, les Araméens, les Amorrites, les Hébreux, les Hittites, les Perses, les Grecs, les Romains, les Arabes ou les Ottomans, voyaient ces sommets qui nous entouraient exactement comme nous les voyions, avec sans doute cette différence qu’ils voyaient peut-être aussi d’immenses jardins en effet à la place de ce désert qui s’étalait maintenant sous nos pieds, des jardins qu’en moins de cent ans, les hommes de notre siècle avaient réussi à saccager irrémédiablement. – Si la civilisation humaine a commencé ici, cette plaine donne aujourd’hui une image de ce que sera sa fin. »

Une oasis de toute beauté où la vie semble s’être arrêtée, une forme de ralentissement du temps des plus agréable. Il décrit la beauté de la nature, les montagnes, les merveilleuses lumières du coucher et du lever du soleil, le chant des oiseaux, le ciel superbement étoilé et surtout il peut réfléchir, à la vie, aux événements, aux hasards de l’histoire, il partage ses hypothèses avec le lecteur. « 

…..l’idée des mouvements de fond, invasions ou transformations sociales qui fonderaient l’Histoire et la rendraient compréhensible et donc prévisible m’a toujours un peu agacé, parce qu’elle ne prend pas en considération le facteur humain et encore moins le plus grand vecteur de l’Histoire à mon avis, à savoir le hasard, l’imprévu…..Si Hitler avait été tué au cours de la Première Guerre mondiale, si un artilleur français avait fait osciller de quelques millimètres son canon ou sa mitrailleuse, si un soldat allemand n’avait pas malencontreusement tué d’un coup de baïonnette un soldat français qui un instant plus tard aurait trouvé sur sa trajectoire l’affreux Adolf qu’il aurait abattu ou embroché, tout n’aurait-il pas été différent ? Certes, il y aurait eu l’injustice du traité de Versailles, et le désir de revanche allemand, et l’antisémitisme dans l’Europe de cette époque. Mais ils ne se seraient pas exprimés de la même manière, et peut-être pas avec la même violence. Le monde n’aurait pas été ravagé ni les juifs exterminés de la sorte, et du coup, la mauvaise conscience n’aurait pas poussé les Européens à soutenir la naissance d’Israël, qui n’aurait peut-être pas vu le jour, ou pas comme cela s’est produit. Toutes les misères qui se sont ensuite succédé n’auraient pas eu lieu, et la situation ici aujourd’hui, là où nous nous trouvons, et qui peut-être découle d’un coup de baïonnette raté il y a cent ans, n’aurait pas été celle-là, et vous et moi n’aurions pas été en train d’en parler à l’instant. »

Après sa rencontre avec le général, tout se bouscule, fini la belle tranquillité, le récit se fait roman d’aventures, enquête sur fond de trafic et d’enjeux géopolitiques, les événements se succèdent, les djihadistes de Daesh approchent, le danger est partout. C’est la chute de Mossoul, c’est l’attentat contre le général, l’armée en déroute, les antiquités disparues, les complots, les trahisons….

Un très agréable roman aux multiples facettes, écrit dans un très beau style.

En marge du roman : Trafic d'oeuvres d'art : le business qui enrichit Daesh
 

La prise de la ville syrienne de Palmyre, et de sa célèbre cité antique, par les jihadistes de l’Etat islamique, laisse craindre de nouvelles destructions, alors que plusieurs sites historiques ont déjà été massacrés en Irak, et que Daesh a fait du trafic d’oeuvres l’un de ses principaux moyens de financement. Des pièces arrachées à la cité antique de Palmyre, doublement millénaire, se retrouveront-elles dans la spirale infernale du trafic d’oeuvres d’art? C’est ce que craignent de nombreux spécialistes, alors que les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés jeudi de cette ville syrienne, et ont pénétré dans la foulée sur son célèbre site archéologique. Comme en Irak voisin, où les cités antiques de Nimrud et Hatra, joyaux de l’art assyrien, et le musée de Mossoul, ont été massacrés, Palmyre pourrait ainsi disparaître sous les coups de marteau, et autres assauts au bulldozer menés par les combattants de l’EI.

Le trafic d’oeuvres, deuxième source de financement de l’EI

En effet, au cours de cette dernière année, les jihadistes ont fait de la destruction d’oeuvres d’art une de leurs spécialités, justifiant leurs actes par le nettoyage du paysage culturel, et notamment de tous les vestiges correspondant à des civilisations antérieures à l’islam. Mais pas seulement: l’Etat islamique a également entrepris de faire du pillage et du trafic d’art l’une de ses principales ressources financières.
Comme le pétrole, le trafic d’antiquités est ainsi devenu un mode de financement pour Daesh. Pillages de musées ou de sites archéologiques, fouilles clandestines: les jihadistes ne reculent devant aucun moyen pour récupérer des biens culturels qu’ils pourront ensuite revendre au prix fort au marché noir.
A tel point que ce trafic, troisième commerce illicite au monde, est devenu la deuxième source de revenus de l’organisation islamiste, derrière la vente de pétrole. Cette activité lui assurerait d’empocher de 6 à 8 milliards de dollars par an, selon la CIA, et en retour, de financer ses activités de guerre. Or, la matière ne manque pas dans cette région à cheval entre la Syrie et l’Irak, ancien berceau de la civilisation mésopotamienne. Résultat: sur les 12.000 sites archéologiques décomptés sur le territoire irakien, 2.000 se trouvent d’ores et déjà dans les zones contrôlées par l’EI.

Quel sort pour les oeuvres pillées?

Les nombreux objets volés lors de pillages dans des musées ou sur des sites antiques se retrouvent éparpillés aux quatre coins du monde, après avoir été stockés localement, puis vendus à des intermédiaires peu scrupuleux, dans les pays voisins.
« On sait que cela passe essentiellement par la Turquie, avant d’arriver en Occident, sur les marchés européen et américain », explique ainsi l’avocat et spécialiste du marché de l’art Jean-Jacques Neuer, interrogé sur France Info. Transits par des zones portuaires, élaboration de faux certificats, vente sur Internet, le cheminement des oeuvres peut ensuite s’avérer très lent, et peut prendre plusieurs années, limitant ainsi un peu plus les moyens de les retrouver. En Europe, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France sont les pays où les oeuvres pillées ont le plus de « chances » d’atterrir, compte tenu de leur législation laxiste sur le sujet, explique Arte.

Quelles solutions pour lutter contre le trafic?

Dès lors, y a-t-il des chances de remettre un jour la main sur ces pièces, et de les restituer? Si les antiquités, une fois retrouvées, peuvent être rendues à un pays par le biais d’outils juridiques, remonter leur trace peut s’avérer très compliqué, selon Jean-Jacques Neuer. « Les objets auront été absorbés par des collectionneurs, au travers de circuits complexes », fait-il valoir.
Sur le terrain, en Irak et en Syrie, la lutte commence à s’organiser, notamment grâce à une résolution adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU en février dernier, visant à stopper ce trafic d’oeuvres volées par les groupes jihadistes présents en Irak et en Syrie, notamment l’EI et le Front al-Nosra. Objectif: assécher leurs ressources financières. Son efficacité reste encore à prouver.
Les sites historiques détruits ou menacés par Daesh en Irak et en Syrie
Or il y a urgence. Outre la multitude de sites antiques qui sont encore susceptibles de passer sous contrôle jihadiste, Daesh se rapprocherait dangereusement de la capitale irakienne, Bagdad, dont le célèbre musée, qui renferme des trésors inestimables, vient de rouvrir. En 2003, celui-ci avait été pillé quelques jours après la chute de Saddam Hussein. Un tiers des 15.000 pièces volées à l’époque ont pu être récupérées au cours de ces douze dernières années.

LA VILLE DÉVASTÉE

Quatrième de couverture : 

14 mai 1940. La ville de Rotterdam est dévastée par le bombardement le plus violent que les Pays-Bas aient jamais connu. Les rues animées et joyeuses que Katja chérissait depuis son enfance ne sont plus que gravats fumants arpentés par les nazis. Miraculeusement rescapée, la jeune femme doit se rendre à l’évidence : quelque part sous les décombres gît sans doute la moitié de sa famille et de ses amis. Avec le soutien de son mari Daniel, elle accueille ses frères et sœurs survivants, mais la connivence de ses beaux-parents envers les exactions nazies, le deuil de ses proches impossible à faire, les rations alimentaires de plus en plus rares et la mise au ban progressive et fatale de la population juive de la ville mettent en danger son avenir…

Simone van der Vlugt raconte une femme précipitée dans un rôle de mère qu’elle n’était pas prête à assumer, et dont le formidable courage n’a d’égal que l’amour porté à sa famille. Avec une grande puissance d’évocation, elle interroge : comment rester fidèle à ses valeurs humanistes et protéger ceux qu’on aime quand le monde autour de soi est devenu cendres ?





L'auteur : Simone VAN DER VLUGT

Nationalité : Pays-Bas, née à : Hoorn, Pays-Bas , le 15/12/19

Professeur de néerlandais et de français, Simone van der Vlugt s’est fait un nom dans la littérature jeunesse avant de s’attaquer à l’univers du thriller. Elle vit de sa plume depuis plusieurs années. Auteur à succès aux Pays-Bas, Simone van der Vlugt a publié plusieurs romans historiques, dont Bleu de Delft (Philippe Rey, 2018), Neige rouge (Philippe Rey, 2019), La Maîtresse du peintre (Philippe Rey, 2020) et La Fabrique (Philippe Rey, 2021). Elle a reçu de nombreuses récompenses, notamment le prestigieux Prix du Livre de l’année.

Mon avis : 

La ville dévastée, c’est Rotterdam qui a subi en mai 1940 un bombardement par la Luftwaffe d’une intensité incroyable, une avalanche de bombes qui détruisit 24000 maisons et laissa 80000 personnes sans abri.

Parmi ces personnes, la famille de l’héroïne du roman Katja, dont le père, la mère et deux de ses frères et sœurs périrent sous les ruines et les incendies de leur épicerie. Katja fille aînée prend alors en charge ses 2 autres frères et ses deux autres sœurs, bien secondée par son mari. A travers le portrait de Katja, l’auteur nous fait découvrir comment les Pays-Bas et ses habitants ont vécu l’occupation nazie et la seconde guerre mondiale. Le quotidien, c’est le rationnement, la chasse aux juifs, la déportation vers les camps de «travail», la résistance, la répression, la solidarité, les dénonciations, etc.

Katja aide des amis juifs à se cacher, la nuit elle leur apporte de la nourriture, quand ils sont démasqués elle prend en charge leur bébé, la situation est compliquée car ses beaux parents sont des sympathisants du parti fasciste néerlandais. Ensuite son mari médecin est déporté dans un hôpital à Berlin, ses frères entrent dans la résistance, elle a une romance avec un officier allemand, …. Une intrigue pour le moins classique et sans surprise, l’auteur ne néglige aucun aspect de la guerre et de la vie à Rotterdam pendant cette sombre période. Un récit bien documenté qui se lit facilement, le style est simple parfois un peu journalistique, un destin attachant, sans doute un roman idéal pour faire découvrir aux adolescents toutes les facettes de la seconde guerre mondiale.

En marge du roman : Rotterdam, la ville bouleversée à jamais par la seconde guerre mondiale
 

lors que les Pays-Bas s’étaient positionnés comme acteur neutre face aux rivalités idéologiques et militaires de la seconde guerre mondiale, en l’espace de quatre jours, du 10 au 14 mai 1940, La violence des bombardements allemands ont fait sombrer la seconde plus grande ville des Pays-Bas dans l’épisode le plus noir de son histoire, et influe encore de nos jours la culture de cette ville si différente de ses sœurs.

Lorsque quiconque découvre Rotterdam pour la première fois, une remarque surgit presque immédiatement : Qu’est-ce que c’est surprenant de voir une ville si urbaine et à la fameuse “ skyline” digne de celles de Manhattan ou de Shanghai, comparé à l’architecture pittoresques du reste du pays. Et si à cela s’ajoutent ces étranges spots de lumières rouges dispersés de manière curieuse sur les trottoirs de certains quartiers, il est légitime de se questionner sur les raisons de la spécificité de Rotterdam. Il suffit alors de ressortir les manuels d’histoires pour en apprendre davantage sur le douloureux passé de la ville en lien avec la seconde guerre mondiale et les conquêtes allemandes, amenant les Rotterdamois à abandonner l’ancienne vie et ville à héritages médiévaux pour démarrer une nouvelle histoire.

Le 10 mais 1940, lors de l’exécution de cette entreprise, les armées allemandes eurent en ligne de mire le pont Willemsbrug de Rotterdam, la porte d’accès fluviale vers toute la partie nord du pays. Se heurtant à des hommes de combat néerlandais plus coriaces que prévu, au matin du 14 mai, le commandant des troupes allemandes Schmit imposa un ultimatum dans une lettre envoyée au maire de Rotterdam : « L’opposition persistante à l’offensive des troupes allemandes dans la ville de Rotterdam m’oblige à prendre des mesures appropriées si cette résistance ne cesse pas immédiatement ». C’est la « destruction complète de la ville » qui attendait les Rotterdamois si la ville ne se rendait pas.

Par suite du refus de la part du maire, c’est deux heures plus tard que la Luftwaffe enclencha le Rotterdam Blitz : le bombardement total de la ville. Au total, 970 tonnes d’explosifs furent lâchées sur les toits de Rotterdam, principalement sur l’actuel centre et le quartier Kralingen. L’association de ces explosions et d’un vent fort ce jour-là transforma la ville en une rageante tempête de feu, décimant ce qui avait résisté aux bombes. Ce sont plus de 850 morts, 80000 personnes sans-abris et une ville rasée que laisse le « Het Bombardement » ou le bombardement en néerlandais. Suite : https://lepetitjournal.com/pays-bas/rotterdam-la-ville-bouleversee-jamais-par-la-seconde-guerre-mondiale