MAINTENANT LE MAL EST FAIT

Quatrième de couverture : 

Être soi-même se révèle parfois une faute, ou une erreur. Il y a une grande différence. La faute est impardonnable, très souvent. L’erreur est rectifiable, si on a le temps pour soi. Ma mère ne paraissait pas vouloir accorder ce temps à mon père, ni lui pardonner.

La disparition troublante d’un homme va changer le regard que ses amis portent sur eux-mêmes, perturber l’équilibre déjà fragile d’une petite communauté qui voit son existence contrariée par un projet de route. Comment saisir les forces qui gouvernent la vie de chacun, et s’en accommoder ? Au-delà d’un roman sur l’amitié et les risques qu’elle fait courir, Maintenant le mal est fait est une réflexion sur la frénésie de notre monde et sur le progrès, sur les rapports complexes que les hommes entretiennent avec la Nature et sur le mal qui peut en découler

«L’auteur toulousain revient avec Maintenant le mal est fait, un roman nocturne et mélancolique dans lequel un groupe d’amis se retrouve confronté à la mort de l’un des leurs.» Le Figaro

« A mon avis, il est assez facile de prendre par surprise l’âtre humain, actuellement dénué de prédateur naturel si ce n’est son semblable, et handicapé par tous ses jouets, ses constructions mentales et le confort de son habitat. » Ian McEwan

 

Editions Payot & Rivages, 2002

                                                                                                                                                       

L'auteur : Pascal DESSAINT 

Nationalité : France, né à : Dunkerque , le 10/07/1964

Toulouse et le nord de la France nourrissent son inspiration. En 1999, il publie « Du bruit sous le silence », premier polar dont l’action se déroule dans le monde du rugby. Sensible aux questions environnementales, ornithologue, marcheur et militant dans l’âme, il écrit à partir de « Mourir n’est peut-être pas la pire des choses » (2003) sur les rapports complexes et douloureux entre l’Homme et la Nature. Il évoque la catastrophe AZF de Toulouse dans « Loin des humains » (2005) et le scandale Metaleurop dans « Les derniers jours d’un homme » (2010).

Ses romans ont été récompensés par de nombreux prix dont le prix Mystère de la critique qu’il a reçu deux fois (1997 et 2008), le grand prix de littérature policière (2000), le prix du roman noir français de Cognac (2006) et le prix Jean-Amila Meckert (2015).

Mon avis : 

L’auteur nous livre un roman choral assez sombre sur l’amitié, il donne la parole tour à tour à une bande d’amis quadragénaires, il y a, dans l’ordre d’apparition, Edith, Serge, Elsa, Marc, Germain, Garance, Bernard et George.

Quand un drame survient, inattendu, le vrai visage de l’âme humaine se dévoile petit à petit. Au long de courts chapitres de 6 à 7 pages, tous ces personnages, qui sont autant de narrateurs, se remémorent la fameuse soirée du drame, l’amitié si elle est profonde est tout aussi fragile, les lâchetés, les mensonges, les hypocrisies, les jalousies font surface.

L’auteur nous fait le portrait de la noirceur de l’âme humaine au travers de ses personnages, tantôt fragiles, tantôt déçus, tantôt amers ou pessimistes ou déloyaux. Un roman sur la fragilité de l’être humain avec en toile de fond les problèmes liés à l’écologie, à la destruction de la nature au profit du « progrès » et des intérêts financiers. Un très bon roman, plutôt gris foncé, bien écrit et bien structuré.

Extrait : 

TERRITOIRES

Quatrième de couverture : 

Á Malceny, dans le 93, on est habitués aux règlements de comptes. Mais un nouveau prédateur est arrivé en ville et, en quelques jours, les trois plus gros caïds du territoire sont exécutés. Le capitaine Coste et son équipe vont devoir agir vite, car leur nouvel ennemi s’implante comme un virus dans cette ville laissée à l’abandon, qui n’attend qu’un gramme de poudre pour exploser.

Une ville où chacun a dû s’adapter pour survivre : des milices occultes surentraînées, des petits retraités dont on devrait se méfier, d’inquiétants criminels de 12 ans, des politiciens aveugles mais consentants, des braqueurs audacieux, des émeutiers que l’État contrôle à distance de drone. Et pendant ce temps, doucement, brûle la ville. La dernière affaire du capitaine Coste ? Elle se passe en enfer…

« Scénario au réalisme effarant. Dialogues aux petits oignons. Sens de la mise en scène. Pourvu qu’il récidive ! » L’Express

 

Editions Michel Lafon, 2014

                                                                                                                                                       

L'auteur : Olivier NOREK (biographie)

Mon avis : 

J’avais vivement apprécié deux romans de Olivier Norek « Entre deux mondes » et « Surtensions », c’est donc sans risque que j’ai choisi un troisième roman de cet auteur à succès. Et comme pour les 2 premiers c’est avec un égal sentiment de satisfaction que j’ai découvert « Territoires ».

On sent que l’auteur maîtrise parfaitement son sujet et même si c’est du fictif, il est sans doute très près de la vérité. En somme Olivier Norek partage son vécu, son expérience de terrain d’ancien flic du département 93. Pour ne pas s’attirer des tas d’ennuis, la ville où se déroule le scénario est fictive, il l’appelle Malceny, une ville de la Seine Saint Denis, une ville de cités. Une ville dirigée politiquement par un personnage assez troublant, « la reine Vesperini », qui ferait tout et n’importe quoi pour se faire réélire, s’alliant avec les pires caïds. Sa citation préférée : « Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? ».

Les cités, le trafic de drogue, les caïds, les exécutions sommaires, le clientélisme politique, la corruption, les rivalités entre département policiers, rien n’est laissé au hasard par l’auteur qui nous livre une histoire menée tambour battant. Encore une fois du beau travail.

Un très grand plaisir de lecture

Extrait : : "Territoires", le polar qui raconte comment les maires du 93 tiennent leurs villes

Entretien avec Olivier Norek .

Marianne : Comment décririez-vous l’intrigue de Territoires ?

Olivier Norek : C’est l’histoire du plus gros casse de France. Un casse qui va nécessiter l’action triple de personnalités politiques, de délinquants et de policiers… L’objectif : que la maire de Malceny, Madame Vesperini, obtienne les centaines de milliers d’euros que lui réclament les caïds qui viennent de récupérer le business de la drogue sur son territoire. Et comment trouver cette somme en une après-midi ? En suscitant une émeute urbaine… Vesperini sait qu’une émeute coûte énormément d’argent à l’Etat, qu’elle dégrade l’image de la ville et la crédibilité des gens qui la dirige. Elle sait que tout le monde a intérêt à l’éteindre le plus rapidement possible. Et pour cela, il y a un moyen simple : payer ceux qui sont à l’origine de l’émeute avec ce qu’on appelle un « budget d’urgence ». En gros, on arrive avec des sacs remplis de pognons, on leur donne et on leur dit : « Calmez-vous s’il vous plaît ». Résultat, un jackpot de 5 millions d’euros…

Rassurez-nous, c’est de la pure fiction ?

La fausse émeute ? Oui, c’est une idée qui m’est venue un jour où je réfléchissais à mon intrigue et au sujet que je voulais aborder, à savoir : quel est le prix de la paix sociale ? Voilà à peu près trente ans qu’on ne fait strictement rien pour nos cités, trente ans qu’elles ont une économie souterraine, que les criminels y sont bien installés, qu’ils sont armés. Et voilà trente ans qu’il ne se passe rien. A la limite, une petite émeute tous les deux ans ? Ce n’est pas possible ! Cela signifie bien qu’on achète la paix sociale. En gros, on laisse tranquille les caïds, on les laisse faire leur business et si l’on a besoin d’eux, on les utilise. On peut même les intégrer au staff municipal… Avant d’écrire, j’ai soumis cette idée d’émeute montée de toute pièce à des élus ou d’anciens élus. Ils m’ont dit que cela leur paraissait crédible. Ils n’étaient pas du tout étonnés par ce scénario, mais précisons quand même qu’ils m’ont dit que cela n’était jamais arrivé, à leur connaissance.

Avant de vous mettre à l’écriture, vous avez donc mené votre propre enquête ?

Absolument. De la même façon que je cherchais des indics quand je faisais mon boulot de flic, j’ai cherché des politiques pour mon boulot d’écrivain. J’ai appelé un ami qui connaissait quelqu’un qui m’a fait rencontrer un adjoint au maire qui, lui-même, m’a fait rencontrer un maire qui m’a fait rencontrer un ex-maire, etc. J’ai discuté avec une vingtaine d’élus ou d’anciens responsables du 93, tous bords confondus, à qui je posais une question : « Comment tenez-vous votre ville ? » Et hormis la fausse émeute, tout ce que je relate dans mon livre est véridique.

Par exemple ?

Il y a cette histoire des procurations… Un maire, m’a raconté un jour qu’il avait réussi à avoir un relais important avec un gros caïd d’une cité de la ville où il se portait candidat. Lors d’un rendez-vous organisé par un intermédiaire, il lui explique qu’il va être en ballotage, qu’il lui faut des voix et lui demande donc s’il peut inciter les vieux, les jeunes majeurs, les mamans des quartiers à signer des procurations en échange de quoi il lui promet de nombreux cadeaux. Le gars déploie des nuées de petits moineaux de 18 ans qui parviennent à récupérer un millier de procurations, offrant la victoire à l’homme politique. Six ans plus tard, le maire convoque ce même caïd avec qui il s’est mis à travailler et lui demande de faire la même chose en échange de 10 euros par procuration signées. Le caïd relance sa nuée de moineaux et récupère les 1 000 procuration puis il attend. Une heure avant la fermeture des bureaux, le maire appel son contact pour savoir où cela en est. L’autre lui répond qu’il a récupéré les procurations mais que de 10 euros on est passé à 100 euros par document. Le maire est obligé de se plier à sa demande s’il veut être reconduit et il finit par payer… Un autre maire m’a dit un jour : « Ma ville commençait à devenir plus calme, les gens ont commencé à s’intéresser à ma politique, à mon programme, c’est là que j’ai eu peur…» Selon son calcul, il était plus intéressant de rester avec 72 % d’abstention plutôt que de voir ses administrés aller aux urnes. Pourquoi ? Parce qu’il est plus facile d’influer sur un scrutin à 12 000 votants que sur un scrutin à 80 000. Il a ajouté : « Mon intérêt à moi, politiquement, c’est de dégoûter les gens de la politique pour qu’ils ne s’y intéressent pas et que je conserve un fort taux d’abstention. » C’est aussi comme ça que raisonne Vesperini…

Et votre « héros », le capitaine Coste, travaille en ayant conscience de ces méthodes…

Oui, mais il ne peut pas faire grand-chose. Son équipe a une affaire à résoudre. C’était important pour moi, avec mon expérience, de raconter cet aspect des choses, cette hypocrisie et cette attitude des politiques à l’égard de l’économie souterraine et de la délinquance dans les cités. Vous savez, c’est dur de constater qu’un type qu’on a arrêté une fois, deux fois, trois fois, s’en sort systématiquement et qu’il arrive même, parfois, qu’on le retrouve… en conseil municipal ! Je me suis moi-même retrouvé plusieurs fois à enquêter sur un adjoint au maire qui avait commis une infraction. En consultant son dossier Stic, je découvrais qu’il était connu pour une vingtaine d’infractions. En fin de compte, c’est comme s’il y avait un virus que la ville finit par intégrer dans son écosystème. Elle devient une sorte de malade qui tient comme ça, cahin-caha, mais les problèmes ne sont jamais réglés. C’est juste un mouchoir qu’on met sur nos cités…

LES AVENTURES DE CHINA IRON

Quatrième de couverture : 

L es Aventures de China Iron, c’est la relecture d’un classique de la littérature, Martín Fierro, le poème épique de José Hernandez. C’est une épopée radieuse et lumineuse, où China Iron, la femme abandonnée de Martin Fierro, et Liz, une britannique exubérante, partent à la conquête d’une nouvelle manière de vivre ensemble, à rebours des mythes fondateurs de nos sociétés. C’est enfin un roman bouleversant sur la libération d’une femme, une merveilleuse histoire d’amour et d’aventures, un western féministe à travers les paysages fascinants de l’Argentine du XIXè siècle.

« C’est toute une odyssée fantasque et queer que propose la romancière, dévoilant les magnificences de la pampa déserte, ses couleurs changeantes et ses foules inattendues d’animaux, qu’elle détaille avec des trésors de poésie, dans une écriture vive et lumineuse. » Le Monde.

« Les aventures de China [sont] contées avec un sens du récit digne des meilleurs westerns et une ironie ravageuse par une autrice inspirée. » L’Humanité.

 

Editions de l’Ogre, 2021

                                                                                                                                                       

L'auteur : Gabriela  Cabezón CÁMARA 

Nationalité : Argentine, née à : San Isidro, Buenos Aires , le 04/11/1968

Gabriela Cabezón Cámara est une écrivaine et journaliste. Diplômée en lettres de l’Université de Buenos Aires, elle a publié plusieurs romans. « Pleines de grâce » (« La Virgen Cabezaen », 2009), son premier roman, rencontre dès sa parution un grand succès public. Elle est l’une des instigatrices du mouvement NiUnaMenos et participe activement aux luttes féministes argentines de ces dernières années. Elle collabore à plusieurs journaux, dont le supplément « SOY » du journal Página/12 qui traite de questions LGBT.

Mon avis : 

Ce roman est basé sur un poème épique de José Hernandez intitulé ‘El gaucho Martin Fierro ». Poème écrit en 1872 et considéré comme l’un des ouvrages majeurs de la littérature Argentine.

Gabriela Cabezón Cámara en a fait un roman surprenant tant par les sujets que par le style. Le traducteur a certainement eu une tâche assez ardue pour traduire ce roman au style poétique et surréaliste, le résultat est tout simplement assez extraordinaire.

L’auteure nous entraîne dans une épopée féministe à la fois western et histoire d’amour, une histoire qu’elle nous conte avec une sensibilité toute féminine. La toute jeune China Iron, indienne, épouse de Martin Fierro, un gaucho alcoolique et brutal, et mère de 2 enfants n’a que 14 ans, elle a vécu dans une cahute, une vie de misère et de renoncement et ne connais absolument rien du monde. Elle quitte tout et fait la connaissance d’une jeune anglaise, Liz, plutôt excentrique et qui voyage dans une charrette pour rejoindre son mari quelque part dans la pampa argentine.

Cette anglaise va lui parler de l’Angleterre, de la vie, lui apprendre à lire et à écrire, débute alors pour China comme une deuxième naissance, un éveil au monde. Leur complicité les entraîne dans une relation lesbienne, une relation charnelle intense et relatée avec beaucoup de sensibilité par l’auteure. Lors de leur voyage et une halte dans une hacienda, elles font la connaissance du colonel Hernandez, un colon impitoyable, sadique, capitaliste, profiteur qui prône une société inégalitaire. On se laisse porter par le style très poétique de l’auteure, on vit avec nos deux héroïnes la route, les grands espaces, la pampa, leur amour et on finit dans une société égalitaire et joyeuse. Un roman surprenant quant au style et aux sujets qu’il aborde, libération de la femme, homosexualité, ….

Un très grand plaisir de lecture

Extrait :