LE SENS DE NOS PAS

Quatrième de couverture : 

Quoi de plus public qu’un banc public ? Seulement aux yeux d’Auguste, 85 ans, ce banc, c’est « son » banc, ou plutôt celui de sa femme, qui aimait tant ce parc du Vésinet. Chaque jour, le veuf vient y ruminer sa solitude, ses rapports avec une belle-fille sans gêne, un horizon tout tracé en maison de retraite…

Ce jour-là pourtant, il y a quelqu’un d’autre au bout du banc : Philomène, 15 ans, qui vient de perdre sa mère et cherche quelqu’un à qui parler. Lui, l’hiver. Elle, le printemps. Bientôt, tous deux s’apprivoisent et concoctent un projet. Partir. Fuguer. Et dans ce périple improvisé, trouver, peut-être, un sens à la vie…

Critiques presse : 

« Émouvante, lumineuse, délicate, profondément humaine, cette histoire raconte le lien formidable qui se crée entre Auguste, 85 ans, et Philomène, 15 ans. Leur quête commune, inattendue, leur apportera à chacun un précieux cadeau. » Le journal de Quebec

« Claire Norton nous livre un roman lumineux et plein d’espoir, la rencontre entre deux personnages inoubliables portés par la plume sensible d’une auteure qui bouleverse à chaque fois» 20 Minutes





L'auteur : Claire NORTON

Nationalité : France, née le : 23/05/1970

Claire Norton est une romancière. Elle s’est inspirée de rencontres marquantes faites en milieu hospitalier pour l’écriture de son premier roman publié, « En ton âme et conscience » (Éditions Scripta Manent, 2015). « Malgré nous… » (2019), son deuxième roman, est aussi captivant que profond où s’entrecroisent magistralement les thèmes de l’amour et de l’amitié. Une histoire qui fait naître de très fortes émotions. En 2020, paraît « Ces petits riens qui nous animent ». Mère de trois enfants, elle concilie son activité professionnelle de directrice des ressources humaines avec sa passion pour l’écriture.

Mon avis : 

Auguste, 85 ans, a « son » banc, dans un joli parc du Vésinet, un banc où il est venu tant s’asseoir avec son épouse Jeanne, un banc qu’il continue à fréquenter chaque jour. Auguste se sent seul, son fidèle compagnon, son chien Bounty est mort, les relations avec son fils sont superficielles, sa belle-fille n’est pas surnommée Cruella pour rien. Un jour Auguste apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable qui ne lui laisse que quelques mois à vivre, il garde ce secret pour lui seul, et il a entendu une conversation entre son fils et sa belle-fille qui s’apprêtent à le placer dans une maison de repos.

Un jour est assise sur son banc, une toute jeune fille tout aussi désemparée que lui, elle a 15 ans, sa mère est décédée depuis peu dans un accident de voiture. Elle veut à tout prix connaître la vérité sur la cause de l’accident, suicide ? Tout naturellement le contact s’établit entre ce vieux monsieur de 85 ans et cette gamine de 15 ans, l’un envisage un suicide assisté et a entrepris les démarches en ce sens en Suisse mais avant il veut retrouver un ami d’enfance avec lequel il s’était fâché, elle veut retourner sur les lieux de l’accident pour découvrir la vérité . Contre toute attente ils décident de fuguer ensemble.

Claire Norton brode là dessus un roman empreint de sentiments et d’humanité mais qui m’est apparu quelque peu invraisemblable. Autour de nos 2 héros viennent se greffer des personnages secondaires qui apparaissent dans des circonstances de hasard qui arrangent bien les choses. Le roman flirte avec le mélo et l’eau de rose, cependant les thèmes abordés, euthanasie, suicide, deuil le sont avec beaucoup de sensibilité, reconnaissons à l’autrice ce sérieux dans le récit. J’ai trouvé que les émotions passaient mal, sauf dans les 50 dernières pages, sans doute un style un peu fade et trop fluide. Quand on dit qu’une personne est gentille c’est qu’on ne lui trouve pas d’autres qualités, c’est ce que je ressens de ce roman, c’est un gentil roman ce qui n’est pas déjà si mal par les temps qui courent mais qui me laisse sur une impression mitigée.

Extrait : 

«Ce n’est pas le processus de vieillissement qui fait mal. On ne s’en rend souvent pas compte car il se faufile insidieusement dans le quotidien. On le décèle parfois au détour d’une ride d’expression qui s’est creusée, par le biais de gestes simples que l’on ne fait plus avec la même facilité, ou lorsque l’on perd progressivement tout ceux qu’on aime… Non, ce qui est moche, ce n’est pas de vieillir mais de faire un jour le constat que l’on est devenu vieux. Et ça on le découvre subitement, parfois dans le regard des autres, souvent au travers de petites choses qui prennent une tout autre dimension au fil du temps : un voyage trop long, une charge trop lourde, des escaliers trop hauts, une nourriture trop épicée, des soirées trop tardives…D’un seul coup on réalise que, même si l’âge de nos artères n’est pas celui que l’on a toujours dans notre tête et dans notre cœur, on a basculé dans la catégorie des vieux. Et cet écart entre ce que l’on est et ce que l’on croyait être encore est extrêmement douloureux. »

En marge du roman : En Suisse, le suicide assisté est autorisé depuis 1942

La législation suisse autorise l’assistance au suicide, à la seule condition qu’elle ne réponde à un « mobile égoïste ». Aucune autre condition n’est posée par la loi. Mais les associations, qui accompagnent ces suicides, ont posé des jalons. Les soignants, eux, sont peu impliqués.

La question est posée abruptement par le coprésident d’Exit ADMD, Jean-Jacques Bise, à Agathe, 76 ans, atteinte d’Alzheimer : « Avez-vous bien demandé à un proche de vous avertir quand vous perdrez votre discernement ? Car après, il sera trop tard. » Agathe a demandé il y a trois ans à recourir au suicide assisté à Genève, en Suisse. Elle a fait la démarche « le lendemain du diagnostic », explique, dans les sobres locaux de l’association, cette femme apprêtée, rouge à lèvres carmin, colliers de perles et bagues aux doigts, et encore totalement autonome, même si elle cherche parfois ses mots et soudain s’impatiente. Son dossier est prêt et validé. Mais, le jour J, elle devra encore disposer de toute sa lucidité.

Le discernement et la capacité à s’administrer soi-même le liquide létal, prescrit par un médecin, sont les critères majeurs du suicide assisté. Une forme d’aide active à mourir débattue aujourd’hui en France et que la loi suisse autorise depuis quatre-vingts ans (1942). Plutôt, elle ne l’interdit pas, à une condition : la personne qui accompagne celui qui veut mourir ne doit pas être animée par un « mobile égoïste ». Comme l’espoir d’un héritage par exemple.

« Celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire », dit l’article 115 du Code pénal. L’euthanasie, elle, est interdite par l’article 114 du Code pénal. Un sujet qui « n’est jamais revenu dans les débats ».

Les autres conditions, ce n’est pas la loi qui les a posées, mais les cinq associations qui, dans la plupart des cas, se chargent d’accompagner les malades jusqu’au dernier instant. Les premières ont été créées en 1982. Piliers dans ce pays à la législation très libérale, elles ont elles-mêmes posé des jalons. Des « garde-fous », dit Jean-Jacques Bise.

Il faut notamment un dossier médical validé par un médecin. La personne doit être atteinte d’une maladie incurable, en fin de vie, avec de grandes souffrances. Un cancer en phase terminal. Une maladie dégénérative. Ou, depuis plus récemment, des polypathologies invalidantes liées à l’âge. Un large spectre. Les maladies psychiques, rares, ne sont pas exclues. « Nous n’aidons que des gens qui ont des raisons médicales de demander notre aide », insiste le vice-président.

UN CHIEN À MA TABLE

Quatrième de couverture : 

Un soir, une jeune chienne, traînant une sale histoire avec sa chaîne brisée, surgit à la porte d’un vieux couple : Sophie, romancière, qui aime la nature et les marches en forêt, et son compagnon Grieg, déjà sorti du monde, dormant le jour et lisant la nuit, survivant grâce à la littérature. D’où vient cette bête blessée ? Qu’a-t-elle vécu ? Est-on à sa poursuite ? Son irruption va transformer la vieillesse du monde, celle d’un couple, celle d’une femme, en ode à la vie.





Critiques presse : 

Ce livre un peu foutraque, bourré de fantaisie, est une invitation au pas de côté, une ode à la nature, à la vie, à la poésie, preuve que l’écrit n’est pas vain. Certaines pages sont d’une beauté à couper le souffle. Un chien à ma table figure sur les deuxièmes sélections des prix Renaudot, Femina, et Medicis. Culture box

Un très beau roman de Claudie Hunzinger, où l’inquiétude le dispute à la grâce, où bêtes, arbres et humains s’entrelacent. Revue transfuge

Un roman à l’écriture splendide qui raconte le crépuscule lumineux du monde et de la vie. La Libre

L'auteur : Claudie HUNZINGER

Nationalité : France, née à : Colmar , le 09/04/1940

Claudie Hunzinger est une artiste plasticienne et romancière française. De 1960 à 1963, elle suit des études supérieures au Lycée Claude-Bernard à Paris, pour le professorat de dessin. En 1964, Claudie rejoint Francis Hunzinger qui, après des études à la Bergerie nationale de Rambouillet, s’est installé dans une ferme des Vosges pour élever des brebis. Claudie, qui enseigne au Lycée Bartholdi à Colmar depuis 1964, donne sa démission à l’Éducation nationale en 1972.

En 1973 Claudie publie un premier récit, « Bambois, la vie verte », dans la collection Stock. Au début des années 1980, en collaboration avec Francis Hunzinger, elle s’oriente vers un itinéraire d’artiste plasticienne plus exigeant. Elle explore le concept du livre et de la violence faite au livre. En 1983, elle participe, avec le photographe Pierre Berdoy, à l’exposition « Images et création », où elle présente des rouleaux d’écritures calcinées face à de grands tirages en noir et blanc. En 1985, elle commence la série des « Bibliothèques en cendre », et les expose à l’Hôtel Salomon de Rothschild de Paris.

En 1989, Claudie Hunzinger publie « Les enfants Grimm » chez Bernard Barrault. Elle obtient une bourse d’écriture du CNL en 1990. Avec les années 2000, naît la série des pages d’herbe aux écritures géantes. Elles sont une exploration d’une linguistique de la nature. En 2003, elle coédite avec trois musées un catalogue d’artiste, « V’herbe », avec des photographies de Françoise Saur. En 2006, avec une installation de quatre pages d’herbes monumentales, Claudie Hunzinger fait entrer l’écriture des herbes dans une bibliothèque. Claudie Hunzinger a reçu le Prix Edmée de La Rochefoucauld 2011 pour « Elles vivaient d’espoir » (2010) et le prix Décembre 2019 pour « Les grands cerfs » (2019).

Mon avis : 

Ce roman a obtenu le prix « Femina » 2022 et est unanimement encensé par la critique « presse ». Par contre la critique des lecteurs est beaucoup plus partagée.

Sophie et Grieg, une écrivaine et son compagnon, tous les deux âgés de plus de 80 ans vivent depuis trois ans à la lisière de la forêt, un lieu loin de tout appelé « les Bois bannis » . Grieg vit la nuit dans sa collection de bouquins, ils ont grandi ensemble, se sont aimés et vieillissent l’un à côté de l’autre. Impuissants, ils voient le monde changer, un monde en déclin, ils voient leurs corps s’effilocher. Puis un jour, une petite chienne portant des traces de mauvais traitement, sans doute victime d’un zoophile, débarque chez eux.

Sophie est une amoureuse de la nature, Grieg ne croit plus au monde et s’est réfugié dans les livres. Tout est réuni pour un roman doux amer ou l’amour et le respect de la nature ont la part belle. C’est Sophie la narratrice, elle nous livre ses pensées et réflexions sur la société actuelle, sur la vie en général et ça part dans tous les sens sans fil conducteur, sans intrigue, c’est sans doute normal puisque ce sont ses pensées qui arrivent comme elles arrivent. A cela ajoutez un style qui est très loin de ce que j’aime, fait que je n’ai pas du tout adhéré à ce roman. Soit de très courtes phrases de deux mots, avec ou sans verbe, soit de longues phrases qui deviennent indigestes. Un style que j’ai trouvé lourd et trop haché. Ce roman a certainement des qualités notamment son côté poétique, son côté ode à la vie et à la nature, dommage ça n’est pas passé chez moi.

Extrait : 
 

C’était la veille de mon départ, la nuit n’était pas encore là, je l’attendais, assise au seuil de la maison face à la montagne de plus en plus violette ; j’attendais qu’elle arrive, n’attendais personne d’autre qu’elle, la nuit, tout en me disant que les hampes des digitales passées en graines faisaient penser à des Indiens coiffés de leurs plumes sacrées, que les frondes des fougères-aigles avaient jauni, que les milliers de blocs abandonnés sur place, dos, crânes, dents, de la moraine glaciaire surplombant la maison parlaient de chaos, de déroute, presque de la fin d’un monde. Et que ça sentait la pluie. Donc, demain, mettre mes Buffalo, prendre ma parka. Était-ce l’approche de la nuit ? La moraine changeait d’intensité. Ses échines bossues tressaillaient d’éclats de mica et pendant de petites fractions de seconde continuaient d’avancer vers moi en claudiquant – quand une ombre s’est détachée de leurs ombres.

J’ai vu cette ombre ramper entre les frondes des fougères. Traverser le campement des digitales. J’ai tout de suite distingué le tronçon de la chaîne brisée. Un fuyard. Il s’approchait. Il m’avait sans doute repérée bien avant que je ne l’aie vu. Un bref moment, les fougères, de taille humaine, me l’ont dérobé, il a réapparu plus loin, il filait. Je m’étais dressée pour mieux suivre sa course. Il a obliqué. Il descendait maintenant droit vers moi. À dix pas, il a ralenti, a hésité, s’est arrêté : un baluchon de poils gris, sale, exténué, famélique, où de larges yeux bruns, soutenant mon regard, m’observaient du fond de leurs prunelles. D’où venait-il ? Nous habitions au milieu des forêts, loin de tout. La porte de la maison, dans mon dos, était restée ouverte. J’ai fait quelques pas en arrière, laissant le champ libre. Écoute, je ne m’intéresse pas du tout à toi, je veux juste te préparer une assiette, alors entre, entre, tu peux entrer. Mais l’inconnu refusait d’approcher davantage. D’où tu viens ? Qu’est-ce que tu fais là ? J’avais baissé la voix. Je chuchotais. Alors, il a fait un pas. Il a franchi le seuil. Je reculais. Il me suivait avec précaution, le besoin de secours plus fort que l’effroi, prêt néanmoins à fuir, posant au ralenti l’une après l’autre ses pattes sur le plancher de la cuisine comme sur la surface gelée d’un étang qui aurait pu se briser. Nous étions tous les deux haletants. Tremblants. On tremblait ensemble.

Dans la nuit qui avait précédé l’arrivée du fuyard, les phares d’une automobile avaient balayé la forêt, allant, revenant, quatre ou cinq fois, avant de disparaître avec lenteur. J’avais remarqué qu’à chaque virage de cette route au loin, quand montait une voiture, ses faisceaux de lumière traçaient aux murs de ma chambre des losanges prodigieux qui en faisaient le tour comme pour m’en débusquer. l y a un chien, ai-je crié à Grieg qui se trouvait dans son studio situé à côté du mien, à l’étage. Chacun son lit, sa bibliothèque, ses rêves ; chacun son écosystème. Le mien, fenêtres ouvertes sur la prairie. Le sien, rideaux tirés jour et nuit sur cette sorte de réserve, de resserre, de repaire, de boîte crânienne, mais on aurait pu dire aussi de silo à livres qu’était sa chambre.

Quand celui qui était mon compagnon depuis presque soixante ans, mon vieux grigou, mon gredin, au point que je le surnommais Grieg (lui, les bons jours, m’appelait Fifi, les très bons Biche ou Cibiche, les mauvais Sophie), alors quand Grieg est descendu de sa chambre – barbe de cinq jours, cheveux gris, bandana rouge autour du cou, sans âge et sans se presser, comme quelqu’un à qui on ne la fait pas, revenu de tout, revenu du monde qui ne le surprenait plus, ne l’indignait pas davantage, dont il avait accepté la défaite en même temps que celle de son corps, ce monde auquel il préférait à présent les livres, alors quand il s’est approché, sentant le tabac, la fiction et la nuit qu’il adorait, grognant à son habitude d’avoir été dérangé –, le chien est venu se réfugier à mes pieds où il a roulé sur le dos, m’offrant son ventre piqueté de tétons.

Ça m’est venu en un éclair, and yes I said yes I will yes, je l’ai appelée Yes.

BROOKLYN FOLLIES

Quatrième de couverture : 

Nathan Glass a soixante ans. Une longue carrière dans une compagnie d’assurances à Manhattan, un divorce, un cancer en rémission et une certaine solitude qui ne l’empêche pas d’aborder le dernier versant de son existence avec sérénité.

Sous le charme de Brooklyn et de ses habitants, il entreprend d’écrire un livre dans lequel seraient consignés ses souvenirs, ses lapsus, ses grandes et petites histoires mais aussi celles des gens qu’il a croisés, rencontrés ou aimés.

Un matin de printemps de l’an 2000, dans une librairie, Nathan Glass retrouve son neveu Tom Wood, perdu de vue depuis longtemps. C’est ensemble qu’ils vont poursuivre leur chemin, partager leurs émotions, leurs faiblesses, leurs utopies mais aussi et surtout le rêve d’une vie meilleure à l’hôtel Existence… Un livre sur le désir d’aimer. Un roman chaleureux, où les personnages prennent leur vie en main, choisissent leur destin, vivent le meilleur des choses – mais pour combien de temps, encore, en Amérique ?

«Vivre le meilleur des choses à Brooklyn, être amoureux à soixante ans comme à trente, se marier, retrouver les siens, échapper aux sectes, marcher sous le ciel bleu à 8 heures du matin, s’enflammer pour Henry David Thoreau et Edgar Allan Poe. Être heureux, mais pour combien de temps encore, en Amérique… » Place des libraires

L'auteur : Paul AUSTER

J’avais présenté l’auteur lors de la publication de son roman « 4 3 2 1 » *** https://mesamisleslivres350309527.wordpress.com/2021/12/28/4-3-2-1/

Mon avis : 

J’avais découvert l’énorme oeuvre de Paul Auster par son tout autant énorme roman « 4 3 2 1 », une découverte d’un très grand auteur. Ce second roman confirme et de quelle manière mon avis, Paul Auster est certainement un des plus grands auteurs contemporains. En lisant ses romans, je me rends compte qu’il est dommage que je lise un peu trop de romans et d’auteurs qui n’en valent pas la peine.

Paul Auster, c’est un style clair, limpide, un texte fluide qui semble si facilement sortir de sa plume. Les personnages sont bien décrits tant psychologiquement que physiquement, c’est une vision profondément humaine de la société avec juste ce qu’il faut de dérision, d’humour et de sentiment.

Que dire de ce Brooklyn Follies, tout d’abord que c’est un roman sans intrigue qui se lit facilement et agréablement, c’est léger quoique les thèmes sont souvent graves mais traités avec beaucoup de légèreté sans pour autant enlever leur légitimité. Ce roman c’est comme une lasagne composée d’aliments de qualité, sans artifices avec juste ce qu’il faut d’épices. C’est une lasagne composée de tranches de vie, c’est délicieux et on en redemande. Ceux qui aiment l’action et le suspens, passez votre chemin, cependant ce roman l’air de rien est plein de rebondissements et de surprises ce qui donne comme résultat un très grand roman par un très grand auteur.

Extrait :   

LA BALLADE D’IZA

Quatrième de couverture : 

Iza 01Dans sa maison de la Grande Plaine, Mme Szöcs attend qu’on vienne la chercher: son mari est en train de mourir. A l’hôpital, Vince ne la reconnaît pas, et sa dernière phrase est destinée à Iza, leur fille trop aimée. Une fois son père enterré, Iza emmène sa mère vivre avec elle dans on appartement de Budapest. Elle a tout décidé, fait le tri entre meubles et objets à garder et à abandonner, arrangé la chambre, sans demander à la vieille dame -qui pourra « enfin se reposer » -ni son avis ni ses envies. Peu à peu la fragile vieille dame se pétrifie de la non-existence qui lui est ainsi offerte, jusqu’au jour où elle décide de retourner dans son village…

 

 

 

L'auteur : Magda SZABÓ

j’ai eu l’occasion de présenter l’auteur lors de ma publication de son très beau roman « La Porte ». https://mesamisleslivres350309527.wordpress.com/2017/05/21/la-porte/

Iza 11
Magda Szabó est une écrivaine, auteure de livres pour enfants et poétesse hongroise, née à Debrecen le 5 octobre 1917 et morte à Kerepes le 19 novembre 2007.
Née dans une famille cultivée de la grande bourgeoisie protestante, elle finit ses études de hongrois et de latin à l’université de Debrecen en 1940 et commence à enseigner dans sa ville natale, puis dans le lycée protestant pour filles de Hódmezovásárhely. À partir de 1945, elle est employée par le ministère de la Religion et de l’Éducation jusqu’à son licenciement en 1949, année où on lui retire également le prix Baumgarten.


En 1947, elle se marie avec l’écrivain Tibor Szobotka (1913-1982). Elle écrit ses premiers recueils de poèmes, comme Bárány ou Vissza az emberig. Ses premiers livres paraissent juste après la Seconde Guerre mondiale. Puis s’ensuit, pour des raisons politiques, dans la dernière période du stalinisme, un long silence littéraire, rompu seulement vers la fin des années 1950, où elle connaît alors un grand succès.


En 1959, elle reçoit le prix Attila József, puis le prix Lajos Kossuth en 1978, le prix Pro Urbe Budapest en 1983, le prix Csokonai en 1987, le prix Getz en 1992, le prix Déry en 1996 et le prix Agnes Nemes Nagy en 2000. Son roman La Porte (1987) obtient le prix Betz Corporation (États-Unis) en 1992 et le prix Femina étranger en 2003. En 2007, elle reçoit le prix du meilleur roman européen pour Rue Katalin.
Magda Szabó est une des écrivaines hongroises les plus traduites dans le monde. En France, les éditions Viviane Hamy et le Livre de poche éditent ses ouvres.

 

Mon avis : 

 

Parlons d’abord du titre du roman et rappelons la différence entre ballade et balade : la différence d’orthographe est mince mais importante. Ces deux mots n’ont pas le même sens. Une ballade c’est une douce musique, comme une ballade de piano, par exemple ou simplement une chanson douce. Une balade c’est une promenade, une balade au bord de l’eau ou à travers champs.


Ceci dit, j’ai du mal à saisir le titre français de ce roman, en hongrois le roman s’appelle « Pilátus » qui fait sans doute référence à Ponce Pilate,….qui s’en lave les mains, plus proche du thème du roman.
Le roman que nous livre Magdo Szabó est une histoire douce amère mais surtout amère, une réflexion sur la difficulté de communiquer et l’incompréhension entre deux personnes. C’est écrit avec beaucoup de sensibilité et de finesse. La mélancolie de la situation est rendue de main de maître dans ce récit assez lent.
L’auteure nous amène à réaliser qu’il est vain de vouloir faire le bonheur de l’autre tant il est difficile de le connaître et de le comprendre.
Un beau texte, triste et lent qui sied bien à la situation et aux rapports entre les êtres.

 

En marge du livre : 
Paru dans l'Express en 2005, un extrait de la présentation de "La ballade d'Iza"

Au soir d’une vie
Par André Clavel

iza 07Le huis clos d’une mère et sa fille, par la révélation étrangère 2003, Magda Szabo.
Comme tant d’autres écrivains d’Europe centrale, Magda Szabo – née en 1917 – est longtemps restée une femme de l’ombre. Condamnée à l’exil intérieur dans la Hongrie communiste, elle n’est sortie de son purgatoire qu’à la fin des années 1950, après qu’une traduction l’a fait connaître en Allemagne, grâce à Hermann Hesse. «Je lui dois beaucoup. Un jour, il a appelé son éditeur, Fischer Verlag, et lui a dit: « J’ai pêché un poisson d’or! « » racontait récemment celle qui passe désormais pour la grande dame des lettres hongroises.

Laquelle fut saluée en France par le prix Femina étranger, en 2003, lorsque Viviane Hamy publia La porte. Un petit chef-d’œuvre, où Magda Szabo met en scène la généreuse Emerence, qui fut sa femme de ménage à Budapest pendant deux décennies: on n’oubliera plus cette Cendrillon qui ressemble à la Félicité d’Un cœur simple et qui, sous ses tabliers amidonnés et son éternel foulard, cache une âme d’une incomparable noblesse.


Au fil des années 1960, Le Seuil avait déjà publié quelques romans de Magda Szabo, mais ils étaient trop vite passés aux oubliettes. Parmi eux, La ballade d’Iza, qui fait peau neuve dans une traduction de Tibor Tardas. On y retrouve la même musique crépusculaire, les mêmes tonalités automnales que dans La porte. Les décors? La Hongrie provinciale d’après-guerre où se meurt le vieux Vince, un ancien magistrat longtemps écarté de son poste pour avoir prononcé un jugement qui avait déplu au régime. De cet homme intègre, trop libre dans une société frileuse, Magda Szabo brosse un portrait magnifique et elle en ajoute un autre, tout aussi attendrissant: celui de son épouse, Mme Szöcs, une bonne fée effacée, économe, agrippée à ses souvenirs et à son cabas de toile usée. Et qui, à la mort de Vince, devra quitter son village pour s’installer à Budapest, dans le petit appartement de sa fille Iza. Cruel déracinement, dans cette ville froide où la vieille dame restera une exilée, tandis qu’Iza – ex-résistante devenue médecin – s’échine à la rendre heureuse malgré elle, sans deviner qu’elle a perdu son âme.


Un père, une mère, une fille: entre ces trois êtres, la romancière orchestre un cérémonial subtil, fait de tendresse furtive, de pudeur et parfois d’incompréhension. Ses personnages tiennent dans le creux de la main. Magda Szabo: une écriture mélancolique, délicate comme la grâce.