LA BALLADE D’IZA

Quatrième de couverture : 

Iza 01Dans sa maison de la Grande Plaine, Mme Szöcs attend qu’on vienne la chercher: son mari est en train de mourir. A l’hôpital, Vince ne la reconnaît pas, et sa dernière phrase est destinée à Iza, leur fille trop aimée. Une fois son père enterré, Iza emmène sa mère vivre avec elle dans on appartement de Budapest. Elle a tout décidé, fait le tri entre meubles et objets à garder et à abandonner, arrangé la chambre, sans demander à la vieille dame -qui pourra « enfin se reposer » -ni son avis ni ses envies. Peu à peu la fragile vieille dame se pétrifie de la non-existence qui lui est ainsi offerte, jusqu’au jour où elle décide de retourner dans son village…

 

 

 

L'auteur : Magda SZABÓ

j’ai eu l’occasion de présenter l’auteur lors de ma publication de son très beau roman « La Porte ». https://mesamisleslivres350309527.wordpress.com/2017/05/21/la-porte/

Iza 11
Magda Szabó est une écrivaine, auteure de livres pour enfants et poétesse hongroise, née à Debrecen le 5 octobre 1917 et morte à Kerepes le 19 novembre 2007.
Née dans une famille cultivée de la grande bourgeoisie protestante, elle finit ses études de hongrois et de latin à l’université de Debrecen en 1940 et commence à enseigner dans sa ville natale, puis dans le lycée protestant pour filles de Hódmezovásárhely. À partir de 1945, elle est employée par le ministère de la Religion et de l’Éducation jusqu’à son licenciement en 1949, année où on lui retire également le prix Baumgarten.


En 1947, elle se marie avec l’écrivain Tibor Szobotka (1913-1982). Elle écrit ses premiers recueils de poèmes, comme Bárány ou Vissza az emberig. Ses premiers livres paraissent juste après la Seconde Guerre mondiale. Puis s’ensuit, pour des raisons politiques, dans la dernière période du stalinisme, un long silence littéraire, rompu seulement vers la fin des années 1950, où elle connaît alors un grand succès.


En 1959, elle reçoit le prix Attila József, puis le prix Lajos Kossuth en 1978, le prix Pro Urbe Budapest en 1983, le prix Csokonai en 1987, le prix Getz en 1992, le prix Déry en 1996 et le prix Agnes Nemes Nagy en 2000. Son roman La Porte (1987) obtient le prix Betz Corporation (États-Unis) en 1992 et le prix Femina étranger en 2003. En 2007, elle reçoit le prix du meilleur roman européen pour Rue Katalin.
Magda Szabó est une des écrivaines hongroises les plus traduites dans le monde. En France, les éditions Viviane Hamy et le Livre de poche éditent ses ouvres.

 

Mon avis : 

 

Parlons d’abord du titre du roman et rappelons la différence entre ballade et balade : la différence d’orthographe est mince mais importante. Ces deux mots n’ont pas le même sens. Une ballade c’est une douce musique, comme une ballade de piano, par exemple ou simplement une chanson douce. Une balade c’est une promenade, une balade au bord de l’eau ou à travers champs.


Ceci dit, j’ai du mal à saisir le titre français de ce roman, en hongrois le roman s’appelle « Pilátus » qui fait sans doute référence à Ponce Pilate,….qui s’en lave les mains, plus proche du thème du roman.
Le roman que nous livre Magdo Szabó est une histoire douce amère mais surtout amère, une réflexion sur la difficulté de communiquer et l’incompréhension entre deux personnes. C’est écrit avec beaucoup de sensibilité et de finesse. La mélancolie de la situation est rendue de main de maître dans ce récit assez lent.
L’auteure nous amène à réaliser qu’il est vain de vouloir faire le bonheur de l’autre tant il est difficile de le connaître et de le comprendre.
Un beau texte, triste et lent qui sied bien à la situation et aux rapports entre les êtres.

 

En marge du livre : 
Paru dans l'Express en 2005, un extrait de la présentation de "La ballade d'Iza"

Au soir d’une vie
Par André Clavel

iza 07Le huis clos d’une mère et sa fille, par la révélation étrangère 2003, Magda Szabo.
Comme tant d’autres écrivains d’Europe centrale, Magda Szabo – née en 1917 – est longtemps restée une femme de l’ombre. Condamnée à l’exil intérieur dans la Hongrie communiste, elle n’est sortie de son purgatoire qu’à la fin des années 1950, après qu’une traduction l’a fait connaître en Allemagne, grâce à Hermann Hesse. «Je lui dois beaucoup. Un jour, il a appelé son éditeur, Fischer Verlag, et lui a dit: « J’ai pêché un poisson d’or! « » racontait récemment celle qui passe désormais pour la grande dame des lettres hongroises.

Laquelle fut saluée en France par le prix Femina étranger, en 2003, lorsque Viviane Hamy publia La porte. Un petit chef-d’œuvre, où Magda Szabo met en scène la généreuse Emerence, qui fut sa femme de ménage à Budapest pendant deux décennies: on n’oubliera plus cette Cendrillon qui ressemble à la Félicité d’Un cœur simple et qui, sous ses tabliers amidonnés et son éternel foulard, cache une âme d’une incomparable noblesse.


Au fil des années 1960, Le Seuil avait déjà publié quelques romans de Magda Szabo, mais ils étaient trop vite passés aux oubliettes. Parmi eux, La ballade d’Iza, qui fait peau neuve dans une traduction de Tibor Tardas. On y retrouve la même musique crépusculaire, les mêmes tonalités automnales que dans La porte. Les décors? La Hongrie provinciale d’après-guerre où se meurt le vieux Vince, un ancien magistrat longtemps écarté de son poste pour avoir prononcé un jugement qui avait déplu au régime. De cet homme intègre, trop libre dans une société frileuse, Magda Szabo brosse un portrait magnifique et elle en ajoute un autre, tout aussi attendrissant: celui de son épouse, Mme Szöcs, une bonne fée effacée, économe, agrippée à ses souvenirs et à son cabas de toile usée. Et qui, à la mort de Vince, devra quitter son village pour s’installer à Budapest, dans le petit appartement de sa fille Iza. Cruel déracinement, dans cette ville froide où la vieille dame restera une exilée, tandis qu’Iza – ex-résistante devenue médecin – s’échine à la rendre heureuse malgré elle, sans deviner qu’elle a perdu son âme.


Un père, une mère, une fille: entre ces trois êtres, la romancière orchestre un cérémonial subtil, fait de tendresse furtive, de pudeur et parfois d’incompréhension. Ses personnages tiennent dans le creux de la main. Magda Szabo: une écriture mélancolique, délicate comme la grâce.

 

L’OBSERVATOIRE

Quatrième de couverture :

Observatoire 00Dans un coin perdu de l’Angleterre, un manoir jadis imposant, aujourd’hui délabré, est divisé en appartements.

Les anciens propriétaires des lieux, aristocrates excentriques et désargentés y vivent avec leur fils unique, grand gamin solitaire de trente-sept ans qui ne quitte jamais ses gants de coton achetés par dizaines et jetés à la moindre salissure.


Les autres locataires sont tout aussi étranges : Miss Higg, éternellement collée devant le petit écran, confond le réel et l’univers des fictions qu’elle regarde ; un instituteur à la retraite pleure et transpire sans cesse tandis qu’une « femme-chien » aboie et ne connait plus le langage des hommes.
L’arrivée d’une nouvelle locataire bien décidée à mettre au grand jour les histoires cachées des uns et des autres va perturber les habitudes de ce monde clos et provoquera bien des drames.

L'auteur : Edward CAREY

Observatoire 01Nationalité : Royaume-Uni, né à : North Walsham, Norfolk , 1970
Fils et petit-fils d’officiers de la marine anglaise, Edward Carey se détourne très vite des planches du pont des navires pour rejoindre celles du théâtre.
Sa carrière de dramaturge, d’écrivain et de dessinateur va néanmoins le faire voyager tout autant, des scènes de Londres à celles de Vilnius en passant par la Roumanie et la Malaisie, où il monte une production de Macbeth en théâtre d’ombres chinoises.
Il a également travaillé en tant que scénographe et illustrateur.
Il est diplôme de International Writing Program à l’Université de l’Iowa et a enseigné la création littéraire à Iowa Writers’ Workshop.
Observatoire 04

Son premier roman, Observatory Mansions, a été publié en 2001 et son second, Alva et Irva, en 2003. Il a vécu en Angleterre, en France, en Roumanie, en Lituanie, en Allemagne, en Irlande, au Danemark. Il vit aujourd’hui à Austin en Texas avec sa femme, l’écrivaine Elizabeth McCracken (1966).
site de l’auteur:http://edwardcareyauthor.com/

 

 

Mon avis : 

Un roman a nul autre pareil, burlesque, surréaliste, un récit qui oscille entre la fable enfantine et le drame psychiatrique. Une histoire attachante et déroutante qui s’inscrirait très bien dans l’univers spécial de Tim Burton ou des Monthy pythons. Un récit bizarre et étrange mais qui ne manque pas de poésie.

L’auteur nous entraîne avec brio dans sa folie, dans sa créativité incroyable, il nous invite à partager un univers extraordinaire peuplé de personnages pour le moins déjantés. C’est bien écrit, parfois triste et dramatique, parfois hilarant, teinté de cet humour anglais bien spécifique.
J’ai été captivé par cette histoire, me demandant où l’auteur allait m’emmener puis au deux tiers du livre je me suis un peu lassé de cette extravagance, lassitude passagère car le final a rétabli le plaisir. Un roman inclassable qui ne plaira certainement pas à tout le monde mais une découverte qui me restera à l’esprit.

Illustrations du livre par l'auteur.
Extrait :

« Nous entrâmes alors dans ce qu’il est convenu d’appeler l’ère des souvenirs, une époque étrange dans laquelle nous autres, les résidants du manoir de l’Observatoire, devions ingérer les réminiscences qui s’échappaient de nos esprits et venaient frapper à nos portes respectives, voltiger à travers nos appartements et nous chatouiller les narines pendant notre sommeil. Les souvenirs étaient partout, à cette époque, tapis dans l’ombre, ils nous lorgnaient d’un oeil humide ou restaient en suspens, les uns sur la poignée d’une porte, les autres sur le rebord d’une fenêtre ou sur une tête de lit, amorphes tant l’inactivité leur pesait, essayant désespérément d’attirer notre attention. Nous ne pouvions pas les ignorer, nous avions beau les écouter, les absorber, les avaler, ils étaient toujours là. En ce temps saturé de souvenirs, le présent était difficile à percevoir. Nous ne savions pas quelle heure il était, ou quel jour nous étions, quelques-uns d’entre nous se demandaient même dans quel mois ils étaient. A l’ère des souvenirs, nous voyions nos appartements, nos objets et nous nous voyions nous-mêmes dériver à travers des nuages d’histoire. On ne pouvait faire confiance à aucun objet, car tous les objets du manoir de l’Observatoire participaient joyeusement à cette confusion qui s’était emparée de nos vies. Si nous cherchions une chaise, souvent cette chaise n’était pas où nous l’attendions, elle l’avait été, bien des années auparavant, et nous en avions conservé le souvenir, voilà tout. »

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