FILS DE PERSONNE

Quatrième de couverture : 

Un numéro de téléphone, un exemplaire de La Peau de chagrin d’Honoré de Balzac et un briquet de la Légion étrangère. C’est tout ce qui est retrouvé sur le cadavre d’un homme abandonné dans un bassin du jardin des Tuileries. Alors qu’il piétine déjà dans une enquête sur la disparition de trois jeunes femmes, le commandant Julien Delestran est chargé de l’affaire.

Le numéro de téléphone est sa première piste : c’est celui du CNAOP, l’organisme permettant aux enfants nés « sous X » de retrouver leurs parents biologiques. Mais tandis que le commandant essaie d’avancer sur cette nouvelle enquête, la précédente se rappelle à lui quand sa hiérarchie lui adjoint l’aide d’une psychologue. Tout d’abord sceptique face à cette « ingérence », Delestran est bien obligé de reconnaître que Claire Ribot sait mettre au jour la vérité aussi bien que le plus fin des limiers. Et qu’elle ne sera pas de trop pour sonder, avec son groupe, les tréfonds de l’âme humaine…

Créé en 1946, le prix du Quai des Orfèvres, qui récompense chaque année un roman policier, est décerné par un jury composé de 22 policiers, magistrats et journalistes. Il se prononce sur une sélection de manuscrits anonymes en ne considérant que la qualité du texte soumis à leur appréciation, dans le respect des procédures et des vraisemblances policières, scientifiques ou judiciaires.

« Fils de personne, de Jean-François Pasques, capitaine de police, ancien de la section criminelle de la 1re DPJ désormais en poste à Nantes, est une jolie réussite. Il prouve en tout cas qu’il n’est pas obligatoire de joncher une intrigue de cadavres, de jouer la carte de l’ultraviolence, pour captiver le lecteur. » Le Figaro

L'auteur : Jean-François PASQUES

Chimiste de formation, Jean-François Pasques est capitaine de police. Après une quinzaine d’années à Paris, notamment à la Section Criminelle de la 1ère DPJ, il travaille désormais à Nantes en Sécurité Publique. La police satisfait son appétit de curiosité humaine, et Fils de personne met en scène ces personnages hauts en couleurs auxquels il est confronté quotidiennement dans son métier.

Mon avis : 

Ce roman a reçu le prix du « Quai des orfèvres 2023 », un capitaine de police récompensé par ses semblables, il faut dire que son roman respecte parfaitement les conditions de l’octroi de ce prix.

Dans la première partie du roman, l’auteur n’a de cesse de décrire les procédures judiciaires dans les moindres détails, procédures pour l’enquête elle-même, procédures dans le cas d’une autopsie, procédures dans le cas d’une garde à vue, etc… en citant même les articles du code. C’est un peu lourd, lent et lassant, c’est très didactique je me suis senti au cours de l’école de police.

Par contre l’enquête est parfaitement crédible mais sans grande surprise. La deuxième partie est beaucoup plus dynamique, le récit devient captivant, il prend enfin un peu de relief. La course poursuite pour retrouver le suspect géolocalisé est très réaliste, on sent les accélérations, les chocs et les freinages des 3 voitures de police comme si on y était.

Qu’est-ce qui différencie ce policier d’autres ? Tout d’abord le Capitaine de l’enquête est plutôt affable bien que parfois bougon ou de mauvaise foi, il n’est ni alcoolique, ni en désaccord avec sa hiérarchie. Il informe au jour le jour son chef, le substitut et le procureur. Il est en bonne entente avec son épouse avec qui il a une belle complicité, il lui raconte tous les jours le détail de l’avancement de son enquête. Il est en symbiose avec son équipe et avec sa plus proche coéquipière, bref tout baigne. Relevons aussi qu’il n’y a ni sexe, ni violence, ni sang ce qui est rare. En résumé un policier qui se lit facilement, sans surprise malgré un scénario plutôt original, délassant, captivant par moment, un moment de lecture agréable sans plus.

En marge du roman :Accouchement sous X : comment se passe une naissance sous le secret ? (Santé Magazine 2022) 

Accoucher sous X permet à la maman d’accoucher anonymement et de confier son bébé aux services de l’Aide sociale à l’enfance en vue d’une adoption. Entre 500 et 600 enfants naissent sous le secret chaque année en France. Le point avec Nathalie Parent, ancien membre du Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP) et membre d’Enfance & Familles d’adoption. En France, toute femme enceinte qui ne peut pas ou bien ne souhaite pas élever son enfant a la possibilité de le mettre au monde sans laisser d’informations sur son identité. Ce dernier sera alors confié aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en vue d’une adoption à l’expiration des délais légaux de rétractation.

« On appelle accouchement sous X ou plutôt accouchement sous le secret, la possibilité offerte à une femme enceinte d’accoucher sous l’anonymat et de confier son enfant aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) afin qu’il acquiert le statut de pupille de l’État », rappelle d’emblée Nathalie Parent. Dans ce cas, aucune pièce d’identité ne peut lui être demandée et aucune enquête ne peut être menée. L’accouchement sous le secret ne date pas d’hier.

Au XVIe siècle, à l’époque de Saint-Vincent-de-Paul, les mères pouvaient déposer leur nouveau-né dans une sorte de tourniquet placé dans le mur d’un hospice. On sonnait une cloche et une personne, de l’autre côté du mur, recueillait le nourrisson. La France est un des rares pays à disposer d’une législation encadrant l’accouchement sous le secret. L’article 326 du Code Civil précise que « lors de l’accouchement, la mère peut demander que le secret de son admission et de son identité soit préservé. » Cette loi est considérée comme une garantie contre l’accouchement clandestin, l’abandon sauvage et l’infanticide.

En 2002, sous la pression des personnes nées sous le secret, les contours de l’accouchement sous X ont été redéfinis. Si la loi du 22 janvier 2002 – portée à l’époque par Ségolène Royal alors ministre déléguée de la Famille – maintient la possibilité d’accoucher anonymement, elle a également permis la création du Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP), dont l’objectif est de faciliter l’accès aux origines de l’enfant né sous le secret. Celui-ci peut désormais faire une demande d’accès à ses origines auprès du CNAOP afin d’obtenir (ou pas) l’identité de sa mère de naissance.

« Lorsqu’à son admission à la maternité, la future mère émet le souhait d’accoucher sous le secret, elle rencontre un des correspondants départementaux du CNAOP ou une personne habilitée qui recueille les informations non identifiantes qu’elle souhaite donner, explique Nathalie Parent. Elle a également la possibilité de laisser son identité dans un pli fermé. L’enveloppe sera ensuite conservée dans le dossier de l’enfant. Si ce dernier demande à connaitre ses origines, le CNAOP ouvrira cette enveloppe. Ensuite, si la mère a laissé son identité, il ira l’interroger sur sa volonté de lever le secret. Et, si le pli secret est vide, le CNAOP essaiera de retrouver cette femme.

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